Lorsqu'on parle de la maltraitance animale liée aux méthodes de production de masse de l'industrie de la viande, on a souvent à l'esprit les conditions parfois déplorables d'élevage. Entre poulets de batterie et fermes des mille vaches, ou encore les vidéos d'abattoirs dans lesquels les animaux peuvent être traités de la plus horrible des manières pour améliorer les rendements de production.
En revanche, lorsqu'on parle des différentes étapes de la production de viande, on omet trop souvent de parler des transports de longue distance, qui représentent un véritable calvaire pour des milions d'animaux. Entassés dans des camions, affamés et assoiffés, dans des espaces mal ventilés et surchauffés, ils peuvent parcourir des miliers de kilomètres, pendant plusieurs jours...
Ce jeudi 17 août, l'ONG Compassion in World Farming (CIWF) a dévoilé une autre facette du transport de bétail, encore moins connue et pourtant tout autant effroyables, voire pire : il s'agit du transport maritime des animaux, dans les navires bétaillers, depuis l'Europe vers les pays d'Afrique ou du Moyen-Orient.
CIWF a notamment publié des images terrifiantes, dans une vidéo intitulée « Cauchemar en mer », partagée un peu plus tôt dans la journée sur Facebook par le groupe L214 Ethique et Animaux
Les militants ont pu embarquer sur neuf navires bétaillers, dont quatre agréés par la France, et ont pu suivre le voyage de l'un de ces bateaux entre l'Europe et l'Egypte. Il est important de noter que les images étaient tournées à découvert, et non en caméra cachée.
Après des trajets déjà bien trop longs en camion pour rejoindre les ports, un grand nombre d'animaux enchaînent directement par un long voyage, entassés dans les soutes des bateaux. Sans aucune limitation dans le temps, avec peu de contrôle et beaucoup de libertés prises vis-à-vis des normes et des législations européennes, les animaux peuvent parfois passer plus de 15 jours pour un voyage épuisant, enfermés dans des conditions lamentables. Une fois arrivées à bon port, les bêtes sont ensuite soit engraissées, soit directement abattues pour être consommées... Enfin, quand elles ont « la chance » d'arriver vivantes !
Beaucoup d'animaux meurent en cours de route, leurs cadavres éventrés pour qu'ils coulent plus vite sont régulièrement jetés à la mer. Leurs boucles d'identification sont arrachées afin que les entreprises ne puissent pas être reconnues s'ils échouaient sur les côtes.
CIWF / Capture d'écran Facebook
La publication des images par CIWF suit de près la publication d'une enquête réalisée par deux associations allemande et suisse, Animal Welfare Foundation et Tierschutzbund Zürich, entre juillet 2014 et janvier 2017.
Le document, auquel le quotidien Le Monde a pu avoir accès, dresse un état des lieux extrêmement préoccupent. Citant les deux associations, le journal révèle ainsi qu'il n'y a « aucun responsable sur les bateaux pour évaluer le bien-être des animaux et qu'il n'existe aucun journal de bord [pour] rapporter les décès, les naissances ou les blessures »
Selon l'estimation des associations, 24 000 animaux seraient morts à cause des mauvaises conditions lors de transports maritimes, entre 2013 et 2016.
CIWF / Capture d'écran Facebook
Le CIWF a lancé une pétition et a adressé une lettre au ministère de l'agriculture pour exiger une meilleure application de la réglementation, et davantage de contrôles.
L'ONG milite également pour l'arrêt pur et simple des transports longue distance hors de l'Union Européenne tant qu'une solution pour garantir le bien-être animal n'aura pas été trouvée. De même, elle exige une limite à huit heures maximum de transport pour les animaux au sein de l'UE.
La viabilité économique de telles mesures passerait par la promotion du commerce local, la favorisation des produits de proximité et des entreprises nationales, et la restructuration de la fillière française pour engraisser les bovins dans l'hexagone — chose qui permettrait d'exporter de la viande au lieu de devoir faire voyager des animaux vivants.
Les pérégrinations de Marguerite ou la réalité des transports ...2 min. pour comprendre les transports d’animaux avec Marguerite : des milliers de km pour être engraissée ou abattue à l’arrivée. Comme 3 millions d’animaux européens par an. Partagez cette vidéo & signez la pétition http://bit.ly/1Tq5rqq
Publié par CIWF France sur mardi 7 février 2017
Si vous pensez, comme nous, que ces conditions scandaleuses méritent d'être dénoncées au plus grand nombre, partagez cet article et n'oubliez pas de signer la pétition de CIWF