En toute discrétion, le parlement Britannique vote officiellement que les animaux « sont incapables de ressentir de la douleur ou des émotions »

Au Royaume-Uni, les membres du parti conservateur ont réussi à faire adopter au Parlement une des mesures les plus régressives concernant les droits des animaux dans ce pays, dans le cadre du « EU Withdrawal Bill » (un projet de loi qui vise à amorcer le Brexit, en posant les bases de ce qui sera le nouveau cadre juridique du Royaume-Uni après sa sortie de l'Union).

Le texte, qui a été voté très discrètement le 15 novembre dernier, n'a pas fait beaucoup de vagues sur le moment, et est passé sous le radar des grands médias britanniques... Mais récemment, le quotidien généraliste The Independent a repéré et relevé certains points assez inquiétants de cette loi — notamment le fait que les animaux « sont incapables de ressentir de la douleur ou des émotions ».

Chien sur l'épaule d'un homme / Shutterstock

Les conservateurs britanniques (les «Tories », comme ils sont appelés en référence à une formation du XVIIe siècle, ancêtre du parti actuellement dirigé par Theresa May) ont réussi un véritable coup d'éclat : ils ont réussi à inscrire dans la loi un texte qui retire la plupart des droits protégeant les animaux, notamment contre la maltraitance animale.

En effet, alors que le Parlement commence à voter  l'« EU Withdrawal Bill » — une série de textes qui visent à acter juridiquement le Brexit et à adapter le droit anglais à la sortie de l'Union Européenne, l'une de ces mesures acte que, au regard de la loi britannique, les animaux « ne ressentent pas la douleur » et « sont dépourvus d'émotions ».

Au-delà des considérations philosophiques, morales ou même scientifiques sur lesquelles une pareille affirmation tire un gros trait, certains activistes de la cause animale craignent les dérives que cette nouvelle manière de considérer les animaux au regard juridique pourrait entraîner. Ainsi, si les animaux ne sont que des « biens vivants », comment peut-on inculper une personne qui se rend coupable de maltraitances sur un animal, puisque par définition ce dernier ne ressent pas la douleur ?

Au Royaume-Uni, la plus grande partie de la législation qui prévalait jusqu'à présent au regard des droits des animaux et de l'environnement provenait des textes adoptés par l'Union Européenne, comme le souligne The Independent. Or, au moment de décider de ce qui allait être gardé ou non de la législation européenne après le Brexit, prévu courant 2019, les parlementaires conservateurs ont décidé de tout simplement supprimer le texte qui reconnaissait la sentience animale, et notamment la capacité des animaux à ressentir des émotions ou des sensations propres.

Le fait que les animaux ressentent effectivement certaines formes de sentiments et d'émotions est pourtant, aujourd'hui, largement soutenu par la science, et de nombreuses études se rejoignent pour soutenir cette idée.

Après la sortie définitive de l'UE par le Royaume-Uni, les animaux ne seront plus officiellement considérés que comme de simples marchandises, destinées à la production. La décision a été vertement critiquée par les activistes de la cause animale et environnementale, qui dénoncent « une régression à grande échelle » de la Grande-Bretagne de demain.

Source : The Independent
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