1% des plus riches ont récolté 82% de la richesse mondiale créée en 2017, indique un nouveau rapport

À la veille du coup d'envoi du forum économique mondial de Davos, la confédération d'ONG Oxfam publie un rapport édifiant au sujet du fossé grandissant des inégalités et de la concentration des richesses. Ainsi, un habitant de la planète sur deux n'a pas touché le moindre bénéfice de la croissance mondiale l'an dernier, s'indigne l'organisme. Données à l'appui, Oxfam dévoile que « 82 % des richesses créées dans le monde l’année dernière ont bénéficié aux 1 % les plus riches, alors que, dans le même temps, la situation n’a pas évolué pour les 50 % les plus pauvres ».

Inégalités sociales, dessin d'illustration / Prazis Images, Shutterstock

Du 23 au 26 janvier, comme chaque année, se tiendra le forum économique mondial dans la célèbre station de sports d'hiver de Davos, dans les Alpes suisses. Le prestigieux événement rassemblera les PDG des 1 000 grandes entreprises membres du forum, ainsi que des représentants politiques et des personnalités du monde universitaire, religieux et médiatique. Plusieurs associations et ONG seront également présentes.

L'occasion pour Oxfam international de rappeler que dans le monde, un habitant sur deux n'a pas touché le moindre bénéfice de la croissance mondiale l'an dernier — tandis qu'1 % des habitants de la planète ont récupéré à eux seuls 82 % de la richesse créée en 2017. La confédération d'ONG luttant contre les injustices, la pauvreté et la faim dans le monde a publié en ce lundi 22 janvier un rapport édifiant, consacré aux inégalités et à la concentration du capital mondial entre les mains de quelques-uns.

Intitulé « Récompenser le travail, pas la richesse », le document est largement étayé d'enquêtes approfondies sur le terrain par Oxfam, et soutenu par de savants calculs obtenus en croisant les données de sources multiples telles que le magazine Forbes, le Crédit Suisse, ou encore la Banque mondiale.

Alors que le monde n'a jamais compté autant de milliardaires, le constat émis par l'organisation est sévère et sans appel : l'augmentation croissante de la richesse des élites économiques ne fait en réalité que creuser toujours plus le fossé des inégalités de richesse. « Le boom des milliardaires n'est pas le signe d'une économie prospère, mais un symptôme de l'échec du système économique », dénonce ainsi l'Ougandaise Winnie Byanyima, directrice d'Oxfam.

« On exploite les personnes qui fabriquent nos vêtements, qui assemblent nos téléphones portables et cultivent les aliments que nous mangeons, afin de garantir un approvisionnement constant en produits pas chers, mais aussi pour grossir les profits des entreprises et leurs riches investisseurs », s'est-elle encore insurgée.

Un peu plus tôt dans le mois, Oxfam ne manquait pas de rappeler qu'à l'heure actuelle, « huit hommes possèdent autant que la moitié de la population mondiale ».

Depuis le début de la crise économique de 2008, la fortune des plus riches a augmenté de 13 % par année

Comme chaque année à la veille de l'ouverture du forum économique mondial de Davos, haut lieu de débats considéré comme l'un des événements symboles de la mondialisation libérale, Oxfam en profite pour interpeller les décideurs sur les inégalités grandissantes au niveau mondial. Depuis la crise économique de 2008, alors même que les politiques d'austérité prônées par de nombreux gouvernements incitaient les populations à se serrer la ceinture, la richesse de l' « élite économique » a augmenté de 13 % en moyenne par année, précise l'organisation.

Toujours selon le rapport d' Oxfam, entre mars 2016 et mars 2017, le monde a connu la plus grande augmentation du nombre de milliardaires de toute l'histoire. Un record historique, pourtant passé relativement inaperçu…

Un sondage réalisé dans dix pays (Inde, Nigeria, États-Unis, Royaume-Uni, Mexique, Afrique du Sud, Espagne, Maroc, Pays-Bas et Danemark) indique néanmoins que le besoin d'un monde plus égalitaire et d'une économie qui soit aussi « au service des 99 % » restants de la population : ainsi, selon ce sondage, les deux tiers des personnes interrogées estiment qu'il est « urgent » de traiter « la brèche entre riches et pauvres ».

Justement, le forum économique mondial de Davos a cette année pour thématique : « Créer un avenir commun dans un monde fracturé ». Un vœu pieux, ou bien le gage d'une volonté d'accomplir de réels efforts pour lutter contre la concentration grandissante des capitaux entre les mains du happy few ? En tout cas, ce mot d'ordre témoigne déjà, en un certain sens, de la prise de conscience d'une situation qui risque d'atteindre le point d'explosion dans un avenir proche.

Et Winnie Byanyima d'ajouter : « Désormais, tous les dirigeants s’avouent préoccupés par ce problème. Mais cela se limite trop souvent à de bonnes paroles. Nous voulons des actions. »


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