Une majorité de Français estime que la justice est beaucoup trop tolérante avec les auteurs de crimes sexuels. Selon un sondage publié ce 24 mai, 70% considérent ainsi la castration chimique comme un moyen efficace de diminuer le risque pour les violeurs de récidiver.
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La question de la castration chimique revient régulièrement dans le débat sur la récidive des auteurs de crimes sexuels. Fin avril 2018, le viol et le meurtre d'Angélique Six, 13 ans, près de Lille, a relancé de plus belle la polémique. L'auteur des faits, David Ramault, âgé de 45 ans, avait déjà été condamné à neuf ans de prison en 1996 pour viol sur mineure de moins de 15 ans.
Les Français semblent alors voir en la castration chimique une solution miracle pour lutter contre la récidive. 7 sur 10 d'entre eux se disent ainsi favorables à imposer aux violeurs ce traitement hormonal qui réduit la production de testostérone et diminue de fait la libido, selon un sondage Sopra-Steria et Ipsos réalisé du 18 au 19 mai dernier pour France Télévisions.
Pour une très grande majorité (92 %), le système de suivi des délinquants sexuels dans le pays fonctionne mal. 57 % des interrogés concèdent toutefois qu'il est difficile d'évaluer le risque de récidive.
Plus de 80 % des sondés sont donc en faveur d'un renforcement des mesures existantes (suivi psychologique, bracelet électronique, pointer régulièrement au commissariat…). 79 % souhaitent par exemple des peines de prison plus sévères et 86 % jugent cela efficace. Ils plébiscitent également à 41 % de rendre accessible à tous les citoyens le fichier des auteurs d'agressions et de crimes sexuels.
Sondage Sopra-Steria et Ipsos
Un violeur sur ving récidive chaque année
Rebondissant sur l'affaire Angélique dans un entretien accordé au quotidien 20 Minutes, le président des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, s'était prononcé en faveur de « la castration chimique » pour les « prédateurs sexuels ». Une façon pour lui de diminuer « de manière très importante » le risque de récidive.
Il avait également annoncé vouloir déposer une proposition de loi pour que la castration chimique soit imposée par le juge et non plus à la demande du violeur lui-même, comme c'est le cas à l'heure actuelle. Il en avait profité pour rappeler les chiffres : « chaque année 62 000 femmes sont violées en France, une femme de moins de 35 ans sur vingt est agressée sexuellement chaque année et un violeur sur vingt récidive ».
Marlène Schiappa ne l'entend pas de cette oreille. La Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes s'est dite « tout à fait opposée » à la proposition de Laurent Wauquiez sur RMC début mai.
En France, c'est dans le cadre du suivi sociojudiciaire institué par une loi du 17 juin 1998 que les détenus peuvent, sur la base du volontariat, suivre un traitement médicamenteux visant à réduire la production de testostérone. Ce dernier, administré par voie orale ou par injection, est couramment qualifié de « castration chimique ». Pourtant, il ne présente aucun caractère irréversible car « ses effets sont supprimés lorsque l'administration des médicaments cesse », peut-on lire sur le site du Sénat.