La photo a suscité l'émotion un peu partout sur Internet. Prise à son insu, cette Afghane de 25 ans, bébé dans les bras, assise sur le sol, stylo et feuille en main, passe son examen d'entrée pour la faculté. C'est un professeur de la faculté privée Nasir Khusrawqui a vu la scène qui a décidé d'immortaliser ce moment, peu commun.
Un enfant dans les bras, une feuille d'examen et de la détermination. Beaucoup. En Afghanistan, le taux d'alphabétisation fait partie des plus bas au monde, représentant 36% de la population. Alors, éduquer trois enfants et passer des concours d'entrée à la faculté représente beaucoup de courage. Cette Afghane de 25 ans prouve que, quand on veut, on peut.
Jahantab Ahmadi, cette mère de trois enfants et étudiante, a parcouru un long chemin pour pouvoir passer cet examen. Une détermination sans faille qui lui a fait marcher deux heures dans les montagnes afin d'atteindre les transports en commun pour entamer neuf heures de voyages afin d'arriver à Nili, là où l'examen, en extérieur, se déroulait.
Assise à même le sol alors que tous les autres étudiants ont le droit à une chaise et un pupitre, elle devait en fait s'occuper de sa fille Khizran, qui pleurait à cause de son oreille qui la faisait souffrir. Pour ne pas déranger les autres étudiants et pour calmer sa fille, elle a donc préféré s'asseoir par terre. Son moteur pour rester motivée ? Elle veut « travailler hors de [sa] maison » et « devenir doctoresse, quelqu'un qui sert les femmes de [sa] communauté » confie-t-elle à l'Agence France Presse.
Et alors que la photo d'elle paraissait un peu partout sur internet, cette dernière, trop concentrée avoue n'avoir même pas vu que quelqu'un la photographiait : « Mes amis au village m’ont dit : 'Tu as été photographiée.' Je leur ai dit : 'Comment ai-je pu ne pas savoir qu’on me photographiait ?' Et ils m’ont répondu : 'Tu étais concentrée sur l’examen.' »
Le pouvoir d'internet
Comme un bon nombre d'internautes, une association afghane a été émue par cette jeune femme et a décidé de lui venir en aide en récoltant des fonds pour elle. Résultat, l'Association de la jeune afghane est parvenue à réunir 14 000 dollars. Mais ce n'est pas tout. Une militante des droits des femmes, Zahra Yagana qui a déploré que « si elle (Jahantab Ahmadi) devait étudier au Daikundi, ce serait dur pour elle. Là-bas, le niveau d’éducation est bas. Il n’y a pas de résidence universitaire et elle devrait vivre dans une location » se justifiant ainsi de l'avoir convaincu de devenir s'installer à Kaboul où elle sera hébergée par la militante. Avec ses enfants et son mari.
Pour Jahantab Ahmadi qui explique que « du fait de notre pauvreté, [elle] n'a pas pu [se] permettre d’étudier pendant trois ou quatre ans » mais qui a toujours rêvé d'accéder à l'université, cette aide représente une chance inouïe. « Nous lui trouverons un logement [à Kaboul]. Beaucoup d’amis ici ont promis de l’aider. Nous essayons de trouver un travail pour son mari et aussi de lever des fonds pour permettre à ses enfants d’aller à l’école » a confié Zahra Yagana.