Armé d’un simple pinceau, Zdzisław Beksiński est parvenu à traverser les couches caverneuses des Ténèbres avec une aisance énigmatique.
Le nom alambiqué de Zdzisław Beksiński ne vous évoque peut-être rien. Confiné toute sa vie chez lui, dans la ville de Sanok, située dans le sud-est de la Pologne, ce peintre mystérieux n’a jamais profité de sa renommée artistique toujours plus grandissante et n’assistait jamais aux vernissages qui lui étaient consacrés de son vivant. Il n’en ressentait ni l’envie, ni le besoin. Peindre et écouter de la musique étaient les seules activités qui suffisaient à combler son bonheur.
Le souvenir de cette figure emblématique de l’art surréaliste a pourtant traversé le temps sans jamais prendre une seule ride. Car s’il a laissé derrière lui une œuvre obscure mais non moins magnifique, constituée de paysages post-apocalyptiques, de corps décharnés, de zombies, d’êtres démoniaques aux faces cauchemardesques et d’individus en putréfaction, Zdzisław Beksiński était surtout un homme souriant, vif, éveillé et bienveillant avec celles et ceux qui ont un jour croisé son chemin.
Quand les critiques parlaient de la beauté renversante de ses peintures, d’une lourde et extrême noirceur, Beksiński, de son côté, défendait ces interprétations : ses œuvres, qu’il ne nommait d'ailleurs jamais, étaient « optimistes », « humoristiques » et « ironiques » de son propre aveu. Toujours selon ses déclarations, le peintre disait accorder de l’importance à la dimension abstraite de son œuvre en soignant les formes et les contours. Certains racontent pourtant que derrière ce visage amusé se cachait un homme tourmenté par des nuits faites de rêves effrayants, où ombres spectrales et corps démembrés se côtoyaient dans un décor désertique assombri par le néant.
Qui croire ? Comment analyser ces œuvres énigmatiques ? Beksiński, dont le perfectionnisme le poussait souvent à sacrifier des tableaux terminés en les brûlant sans laisser de traces, a fait le choix d’emporter les clés du mystère dans sa tombe.
À Sanok, ville de naissance de l’artiste, un musée consacré à Beksiński réunit 50 tableaux et 120 dessins de l’artiste : expérience cauchemardesque immersive garantie.
Voici un petit avant-goût :