Alors que le débat autour de la captivité des orques et des dauphins est relancé par l'annulation de l'arrêté qui devait y mettre progressivement fin, après des mois d'une bataille juridique finalement gagnée par les établissements visés par le texte, de nombreuses voix se font entendre pour protester. L'un des arguments avancés : la sensibilité et les capacités cognitives de ces animaux, beaucoup plus développés que l'on ne voudrait bien l'admettre.
Une étude sur les comportements des orques révèle que ces dernières sont capables d'imiter le langage humain...
« Hello », « Bye bye » : la voix est aiguë, un peu étrange, mais les mots sont pourtant bien distincts. Il ne s'agit pourtant pas d'une voix humaine... mais de celle d'une orque prénommée Wikie, détenue par le Marineland d'Antibes. Il s'agit d'une nouvelle recherche sur les comportements des cétacés, qui a réussi à prouver que les orques étaient capables d'imiter les paroles humaines, en les répétant — parfois au premier essai.
L'étude révèle également que ces animaux étaient capables de reproduire certains sons, et surtout, qu'ils étaient capables de se transmettre ces sons d'une orque à l'autre, l'une apprenant de l'autre en la recopiant.
Les scientifiques cherchent à en savoir plus sur le langage complexe que ces animaux semblent avoir développé entre eux. En effet, fait extrêmement rare dans le monde animal, les orques ont développé des « langues », des dialectes distincts selon les groupes — certains ayant acquis des comportements spécifiques et uniques, au niveau de certains mouvements mais également de sons.
Cela laisse penser que l'acquisition de cette forme de communication se ferait non pas de manière intuitive, mais bien comme le résultat d'un apprentissage des jeunes orques reproduisant les gestes des plus âgées.
Les chercheurs savaient déjà que les orques pouvaient reproduire des comportements acquis par d'autres individus, et ainsi se transmettre une certaine forme de « culture » ou du moins un ensemble de savoirs.
Ainsi, ces cétacés ont déjà été aperçus en train de transmettre certaines techniques de chasse, notamment l'échouage volontaire pour attraper des animaux sur la terre ferme. Ce comportement contre-intuitif ne peut être appris que lorsqu'une orque « initiatrice » en fait la démonstration, et si certains groupes ont cette connaissance, d'autres orques ne savent pas pratiquer ce type de chasse. Les orques sont, à ce jour, les seuls animaux non humains dont il a été prouvé que l'évolution a été influencée par des comportements culturels.
Si l'on savait déjà que les orques pouvaient reproduire et apprendre des sons produits par d'autres orques venues d'autres groupes, ainsi que ceux d'autres animaux tels que les phoques ou les dauphins, les chercheurs ont essayé de voir à quel point elles étaient flexibles dans leur capacité à reproduire des sons, et ont essayé de leur faire répéter du langage humain. Ainsi, après avoir été entraînée à reproduire des sons émis par d'autres cétacés, une orque prénommée Wikie est parvenue à apprendre plusieurs mots humains : « Hello », « Bye bye », « Amy » ou encore « one, two ».
Les orques ne sont pas, évidemment, les seuls animaux capables de reproduire des sons humains : on pense bien sûr aux plus célèbres animaux « parlant », les perroquets — mais aussi les mainates ainsi que certains corbeaux. Bien entendu, ces animaux reproduisent les sons sans toutefois en comprendre le sens. Comme l'a fait savoir Josep Call, professeur spécialiste de l'évolution culturelle de l'esprit de l'université de St Andrews : « il n'y a aucune preuve que [les orques] comprennent effectivement le sens du mot 'bonjour' ». Cependant, les orques ayant déjà une capacité à se transmettre des informations par le biais de méthodes de communication complexes, rien ne dit qu'elles en sont incapables à terme...