Dans la revue scientifique « Annals of Oncology », une équipe de chercheurs français expliquent comment ils ont découvert un traitement potentiel contre le sida à partir d’un médicament anti-cancer.
Ce vendredi 1er décembre, c’est la Journée mondiale de la lutte contre le sida. Parfois, en science, il suffit d’un peu de hasard pour faire une découverte qui pourrait bien faire avancer les choses. Le professeur Jean-Philippe Spano et son équipe, travaillant à la Pitié-Salpêtrière à Paris, ont annoncé avoir trouvé un traitement contre le sida alors qu’ils travaillaient sur un protocole anti-cancer.
En effet, les chercheurs travaillaient précisément sur le nivolumab, un anti-cancéreux efficace dans le traitement du cancer du poumon. Cependant, leur patient était infecté par le virus du sida et lors du traitement, ils ont constaté quelque chose auquel ils ne s’attendaient vraiment pas : la « décroissance drastique et persistante » des réservoirs de cellules dans lesquels le virus du sida se cache lors des attaques des médicaments antirétroviraux.
Généralement, ces cellules se trouvent dans le système immunitaire, le cerveau, la moelle épinière et les gamètes. Dormantes, elles ne peuvent être éliminées, ni par les antirétroviraux, ni par les traitements immuno-suppresseurs. Et lorsque le traitement s’arrête, le virus se réactive pour contaminer d’autres cellules.
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En découvrant par hasard un moyen de nettoyer ces réservoirs de cellules infectées par le virus du sida, les scientifiques auraient donc trouvé la solution pour éradiquer complètement le virus chez les patients atteints.
« Les cellules dormantes infectées ne produisent pas activement le virus: elles sont infectées de manière latente. Elles se cachent dans des réservoirs dès le début de la propagation du virus. Problème: les traitements immuno-suppresseurs réactivent les cellules dormantes. Le plus souvent, cette réactivation est bloquée par des check-points, mais ces derniers ont l’indélicatesse de bloquer aussi les fonctions de défense des cellules » explique le professeur Spano dans la revue « Annals of Oncology ».
Selon lui, si l’on parvient à empêcher les check-points d’agir, les cellules dormantes réactivées apparaissent au grand jour et il devient plus facile pour le système immunitaire de les repérer et de les éradiquer.
Sur leur patient âgé de 51 ans, diagnostiqué séropositif en 1995 et atteint d’un cancer du poumon en 2015, les chercheurs ont injecté du nivolumab à 31 reprises, une fois tous les 14 jours depuis décembre 2016. Le virus du sida n’était pas visible juste après les injections, avant de s’activer puis il s’est finalement réduit 45 jours après.
« Nous avons mis au jour la première démonstration de ce mécanisme. Il peut être efficace sur les patients atteints du virus du sida, avec ou sans cancer et semble ne pas produire d’effet secondaire » explique le professeur Spano.
S’il ne s’agit que d’un seul cas, les résultats inattendus sont tout aussi prometteurs. L’expérience devra être vérifiée sur de nombreux autres patients afin de confirmer sa véritable efficacité.