Il y a 54 ans, le 18 octobre 1963, l'armée française envoyait une fusée Véronique AG1 dans l'espace, depuis le désert Algérien. À son bord se trouvait Félicette, le tout premier chat de l'histoire ( et l'unique à ce jour ) à avoir effectué avec succès un vol spatial. Aujourd'hui, tout le monde semble avoir complètement oublié son histoire, sur laquelle de nombreuses incertitudes demeurent par ailleurs... Mais un britannique se bat pour lui faire ériger une statue commémorative à Paris, et a même lancé une campagne Kickstarter à cet effet.
L'une des rares photographies de Félicette existant à ce jour / DR
Vous connaissez certainement la chienne Laïka, le premier être vivant à avoir été envoyé dans l'espace par l'URSS. Vous avez peut-être entendu parler de Ham, le premier chimpanzée a avoir effectué un vol suborbital dans le cadre du programme spatial des États-Unis. Mais saviez-vous que c'est la France qui a envoyé le tout premier chat dans l'espace ?
Elle s'appelait Félicette. C'était une chatte noire et blanche, et elle est à ce jour le premier et le seul félin à avoir jamais franchi les frontières de l'espace. Pourtant, aujourd'hui, personne ou presque ne connaît son histoire... De tous les protagonistes de la conquête spatiale, le nom de Félicette fait partie des grands oubliés.
Laïka a eu droit à de nombreuses statues et monuments, et figure en bonne place, parmi les hommes, sur le bas-relief du Monument des Conquérants de l'Espace de Moscou. Ham, lui, a sa sépulture devant le musée de l'histoire spatiale du Nouveau-Mexique. Mais nulle trace, sur les monuments des hommes, de la fabuleuse épopée du premier chat spationaute. Tout au plus Félicette eut-elle droit à quelques timbres-poste à son effigie... et encore : la plupart d'entre eux comportaient des erreurs de photographies, représentant d'autres chats qu'elle, comme si au final elle était interchangeable avec n'importe quel autre individu de son espèce.
Pire, certains journaux de l'époque ont attribué ses exploits à un chat dénommé Félix... qui n'aurait pourtant jamais existé.
Oubliée, laissée dans l'ombre, privée d'hommages ou improprement citée lors des quelques occasions où l'on a daigné parler d'elle... on peut dire que les hommes auront été plutôt ingrats avec la petite chatte noire et blanche. Mais voilà qu'aujourd'hui, 54 ans après le succès de la mission de l'animal, certains veulent corriger cette erreur et donner à Félicette la reconnaissance qu'elle mérite.
Sur la plate-forme de crowdfunding Kickstarter, le Britannique Matthew Serge Guy cherche à récolter des fonds pour offrir une statue à Félicette, le premier « chatstronaute ». Le monument serait érigé à Paris, ville d'origine du félin, et il espère récolter, avant le vendredi 17 novembre, les 40 000 livres nécessaires à la création de bronze d'1,5 mètres de haut, grâce au soutien des internautes !
La statue de Félicette serait réalisée par la sculpteuse Gill Parker, et si pour l'heure aucun design définitif n'a été retenu, « il est probable qu'il comporte une fusée et un chat », écrit Matthew Serge Guy sur la page Kickstarter.
Croquis de possibles design de la statue / Matthew Serge Guy, Kickstarter
À partir de bribes d'articles de l'époque, Matthew Serge Guy est parvenu à compiler suffisamment d'informations pour reconstituer l'histoire du félin, une tâche ardue tant les sources se contredisent parfois.
On sait au final peu de choses sur la vie de Félicette avant son acquisition par le programme spatial français : certaines sources affirment qu'il s'agissait d'un chat de gouttière parisien récupéré par les scientifiques, d'autres postulent que l'animal a été acquis dans une animalerie. Quoi qu'il en soit, Félicette faisait partie d'un groupe de 14 chats qui ont tous suivi un entraînement spatial intensif pour les accoutumer aux conditions en apesenteur. Parmi tous ses congénères, c'est Félicette qui a finalement été choisie, sans doute pour sa nature docile et ses bons résultats aux test en apesenteur simulée.
FInalement, le 18 octobre 1963, Félicette est placée dans une fusée Véronique AG1, et catapultée depuis le désert Algérien directement dans l'espace. Après avoir survécu à une poussée d' accélération équivalente à quasiment dix fois la gravité terrestre, elle a passé 15 minutes en orbite autour de la planète bleue, avant d'être parachutée à bord d'une capsule. Elle a été retrouvée saine et sauve au sol.
Malheureusement, malgré le succcès de sa mission et son retour saine et sauve sur le sol, elle a été euthanasiée trois mois plus tard afin de permettre aux scientifiques d'étudier son cerveau, dans lequel des électrodes avaient été implantés. Elle fait donc partie de cette longue liste d'animaux dont les vies ont été sacrifiées pour permettre l'avancée de la science.
Voilà pourquoi elle mériterait, au moins, un hommage digne de ce nom, plaide Matthew Serge Guy. Lui ériger une statue serait la moindre des choses, afin de la remercier de ce sacrifice involontaire. Et faire se souvenir au monde du jour ou, six ans avant les premiers pas de l'homme sur la lune, un petit chat fut envoyé dans une fusée, droit dans les étoiles.