Le Président français a dévoilé ce jeudi, depuis le musée de l'Homme à Paris, son très attendu plan national pour contrer la pauvreté. Jeunesse, reproduction sociale, insertion et revenu universel sont au cœur de cette stratégie, qui hérite d'un coquet budget de 8 milliards d'euros répartis sur quatre ans pour sa mise en place.
Crédits : Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock
« Faire plus pour ceux qui ont moins ». Dans un discours de plus d'une heure, Emmanuel Macron a présenté son plan anti-pauvreté jeudi 13 septembre à Paris. Le chef de l'État a appelé à « la mobilisation de la nation tout entière », rappelant à plusieurs reprises que les objectifs ne seront atteints qu'ensemble.
Avec ce programme destiné à « enrayer la pauvreté » et qui entrera en vigueur le 1er janvier 2019, celui à qui l'on reproche d'être le « Président des riches » tente de se défaire de cette image en se tournant vers des mesures sociales. En voici les grandes lignes :
Agir contre la reproduction sociale des inégalités
« La pauvreté ne doit plus se transmettre en héritage », a martelé celui qui veut mettre fin à cette « fatalité ». Il propose ainsi d'intervenir dès les premières années de la vie, durant lesquelles « le cœur des inégalités se structure », pour « enrayer un déterminisme social et territorial ».
Parmi les mesures annoncées, le gouvernement entend rendre les lieux de garde d'enfants, qui sont « les moments de l'éveil cognitif », accessibles à tous, avec un objectif de 30 000 places de crèche supplémentaires. Rappelant qu'à l'heure actuelle, « seuls 5 % des enfants de quartiers défavorisés sont accueillis en crèche », contre 20 % ailleurs, des aides seront versées aux communes situées en zone prioritaire et le coût de construction de ces structures sera limité pour les aider à créer ces places. La formation des 600 000 professionnels de la petite enfance sera par ailleurs complétée, « parfois revue ».
Des petits-déjeuners seront enfin développés dans les écoles primaires en zone d'éducation prioritaire (REP+) pour démarrer la journée du bon pied, et des tarifs sociaux seront appliqués dans les cantines scolaires (comme le repas à un euro). L'alimentation, « un droit fondamental » pour les enfants, est un point crucial, surtout lorsque l'on sait qu'un Français sur cinq ne mange pas à sa faim, comme le révèle le baromètre de la pauvreté 2018 de l'Ipsos et du Secours populaire.
Bien plus que des détails : pour permettre à tous les enfants de manger correctement, des petits-déjeuners seront proposés gratuitement dans tous les collèges de zones prioritaires.https://t.co/fCJ2egvwAo
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 13 septembre 2018
Priorité à la jeunesse
La priorité est donnée aux jeunes, qui ne sont pas épargnés par la précarité. 20 % d'entre eux sont en effet en situation de pauvreté en France, rappelle le dirigeant.
60 000 jeunes se retrouvent par ailleurs « en dehors de tous les radars » chaque année. Pour ne plus perdre de vue ces jeunes, réduire le chômage précoce et lutter contre les décrochages scolaires, l'exécutif compte mettre en place une obligation de formation de 16 à 18 ans.
La « garantie jeunes » (l'accompagnement vers l'emploi pour les 16-25 ans) sera également étendue à 500 000 personnes avant la fin du quinquennat, contre 100 000 actuellement.
Le paquet sur l'emploi
Emmanuel Macron fait de l'emploi et l'insertion les antidotes contre la précarité. Il promet ainsi un « développement massif des dispositifs d'insertion par l'activité économique », estimant que « le retour au travail est le meilleur outil de lutte contre la pauvreté ».
Chantiers d'insertion, territoires « zéro chômeurs », Travail alternatif payé à la journée (Tapaj)... L'idée est d'étendre tous ces dispositifs à 100 000 bénéficiaires supplémentaires d'ici 2022 (contre 140 000 aujourd'hui).
Atteindre ces objectifs ne sera pas une mince affaire, particulièrement au regard des chiffres affolants : 9 millions de pauvres, dont 3 millions d'enfants, et 6,2 millions de chômeurs toutes catégories confondues en France métropolitaine.
Le quotidien de précarité n’est pas celui de quelques accidentés. C’est celui de 9 millions de Français dont 3 millions d’enfants.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 13 septembre 2018
« Repenser les minima sociaux »
Après s'être emporté contre « le pognon de dingue » que représentent les aides sociales, Emmanuel Macron a annoncé un « changement radical d'approche » avec la rénovation du système des minima sociaux, dont le RSA. Il a notamment évoqué une simplification des démarches pour un meilleur accompagnement.
Pour le président, « le maquis des aides existantes ne permet pas de sortir de la pauvreté ». Celui-ci compte ainsi introduire un « revenu universel d'activité », via une loi en 2020. Il s'agirait de fusionner différentes prestations sociales afin de « garantir un seuil minimal de dignité » à tous. Ce revenu sera « universel car chacun pourra y prétendre dès que ses revenus passeront en dessous d'un certain seuil ».