L'étrange mail interne de la CGT-Cheminots, qui appelle à désorganiser la production lors des jours sans grèves, sème le trouble

Le gouvernement est déterminé à supprimer le statut de cheminot et ses avantages et les cheminots sont déterminés à se faire entendre. Et même si cela veut dire de prolonger la grève et d'empiéter sur les jours ouvrés. C'est ce qu'un syndicat a confié au Parisien.

Crédit image : shutterstock.com / apinya chaiji - Gare de Lyon à Paris

Perturber le trafic SNCF et ce, même en dehors des jours de grève ? C'est ce qu'a déclaré un syndicat de la CGT-Cheminots. Une grève qui, rappelons-le, devrait commencer le 3 avril et s'étendre jusqu'au 28 juin, sur le modèle 2 jours sur 5. Les usagers vont devoir, plus que jamais, se préparer à un mouvement de protestation très important et trouver des solutions pour se déplacer. En effet, les cheminots semblent déterminer à se faire entendre quitte à perdre des jours de salaire.

C'est ce que laissait entendre l'auteur cégétiste d'un mail interne à la CGT-Cheminots que Le Parisien est parvenu à se procurer. Son but ? Durcir le ton et expliquer de quelle manière il souhaite procéder. Pour ce faire, il entend perturber le réseau SNCF et ce même sur les jours où la grève n'est pas suivie. Ainsi, il est écrit que « la désorganisation du travail devra se faire également sur les jours ouvrés mais je ne vous en dis pas plus sur ce mail, je pense que vous avez compris où l'on veut en venir ».

Lucide, il intime aux grévistes de tenir pour gagner : « Aujourd’hui, hormis une poignée d’agents, nous sommes incapables de tenir au-delà de 15 jours de grève et nous savons que face à un gouvernement déterminé comme celui que nous avons actuellement il nous faudra tenir bien plus longtemps ». Une consigne motivée par un constat : « Depuis 1995 sur le champ professionnel et 2006 sur le champ interprofessionnel avec la lutte contre le CPE, il faut bien admettre que nous avons pris quasiment que des fessées ».

Mais pas de sabotage en vue. Interrogé par Le Parisien, l'auteur du mail explique comment il compte s'y prendre pour organiser cette désorganisation : « Il ne s’agit en aucune manière de préparer des actes de sabotages. Nous ne ferons qu’appliquer scrupuleusement le règlement. Par exemple, si le programme d’un conducteur prévoit un terminus à telle gare pas question d’aller au-delà si la direction le demande. Jamais dans l’Histoire de la SNCF, les cheminots n’ont été aussi violemment attaqués et humiliés, poursuit le syndicaliste. Nous ne faisons que nous défendre ».

Incompréhension du côté de la CGT-Cheminots et du PDG de la SNCF

Le principal intéressé, Guillaume Pepy, le PDG de la SNCF, confie au micro de RTL tomber des nues : « L'auteur de ce mail doit s'expliquer. L'immense majorité des cheminots ne se reconnaît pas dans ces menaces. C'est comme si on préméditait une grève lowcost pour les salariés et une gêne maximale pour les usagers. C'est une menace incompréhensible pour les Français ».

Le PDG se veut rassurant, quant à la méthode que voudrait appliquer l'auteur du mail. Pour lui, cette désorganisation ne correspond pas aux valeurs de la SNCF et des cheminots. « Mais ça, ce n'est pas la SNCF, ce n'est pas les cheminots, ce n'est pas le service public. Je n'ai jamais vu qu'on appelle à des actes pour désorganiser la production » et de rajouter son désir de garantir à tous les cheminots le droit de grève : « Qu'il y ait grève, c'est un droit constitutionnel. Mais lorsqu'il n'y a pas grève, il faut que tout le monde fasse ses efforts pour que le service public fonctionne pour les 4,5 millions de voyageurs quotidiens ».

Incompréhension également du côté de la CGT-Cheminots. Alors que l'auteur du mail se réclame de la CGT-Cheminots, le porte parole du syndicat, Cédric Robert, de son côté, dément une telle note interne comme le révèle l'Agence France Presse et s'inquiète du fait que la SNCF fouille « dans les poubelles de Facebook ».

Source : Le Parisien
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