Sur internet, tout va très vite. On le sait. Mais les « erreurs » se succèdent et continuent d'enflammer les débats sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, c'est au tour de Lewis Hamilton, quadruple champion de Formule 1, d'en connaître les us et coutumes, après une vidéo peu commode où il crie sur son neveu, déguisé en princesse.
Lors des fêtes de Noël, certains ont reçu des jouets, d'autres des déguisements. C'est le cas du petit neveu de Lewis Hamilton qui a demandé une robe de princesse pour les fêtes, n'imaginant pas la « colère » que ça allait déclencher du côté de son oncle. Celui-ci s'est étonné de le voir déguisé en princesse. Il s'est donc empressé de filmer le petit, heureux d'arborer ce déguisement, se disant être « très triste » demandant aux internautes de regarder son neveu. Il demande alors à son neveu si la robe qu'il porte est le cadeau qu'il a demandé pour Noël. Alors que celui-ci lui répond qu'en effet, c'est ce qu'il voulait, Lewis Hamilton semble offusqué avant de déclarer que « les garçons ne portent pas de robe de princesse ! ». Cette affirmation, erronée, a insurgé les internautes.
Tiens, si j'avais été aussi con que @LewisHamilton, j'aurais dit ça à mon neveu pic.twitter.com/XHVoei9B1J
— Anthony Bateman (@Anthony_Bateman) 26 décembre 2017
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les internautes n'y sont pas allés de main morte, pointant du doigt un discours machiste, idiot, ignorant et pour certains teinté d'hypocrisie : « Je ne peux pas croire que l'un des hommes le plus mal habillé de tous les temps a l'audace d'ouvrir sa foutue bouche et commenter le choix vestimentaire de quelqu'un. [...] regarde d'abord ton cul »; «C'est scandaleux. @LewisHamilton devrait avoir honte de lui-même. Moquer un enfant en public juste parce qu'il est différent. Ses commentaires sont écœurants » a déclaré un journaliste d'un magazine gay britannique.
This is outrageous. @LewisHamilton should be ashamed of himself, picking on a child in public just for being different. His comments are sickening. https://t.co/Nat2zESqDl
— Matt Cain (@MattCainWriter) 26 décembre 2017
Alors, après cette déferlante de critiques à l'encontre de Lewis Hamilton, le Britannique a réagi mardi, écrivant sur Twitter : « Hier, je jouais avec mon neveu et j'ai réalisé que mes propos étaient inappropriés, donc je les ai effacés. Je n'avais pas l'intention de faire du mal ni de blesser quiconque. J'aime que mon neveu se sente libre de s'exprimer. Mes plus sincères excuses pour mon comportement, car je réalise que ça n'est vraiment acceptable pour personne de marginaliser quelqu'un, peu importe d'où vous venez. J'ai toujours soutenu chaque personne vivant sa vie exactement comme elle l'entend, et j'espère que je pourrai être pardonné pour cette erreur de jugement. »
Yesterday I was playing around with my nephew and realised that my words were inappropriate so I removed the post. I meant no harm and did not mean to offend anyone at all. I love that my nephew feels free to express himself as we all should.
— Lewis Hamilton (@LewisHamilton) 26 décembre 2017
My deepest apologies for my behaviour as I realise it is really not acceptable for anyone, no matter where you are from, to marginalise or stereotype anyone.
— Lewis Hamilton (@LewisHamilton) 26 décembre 2017
I have always been in support of anyone living their life exactly how they wish and I hope I can be forgiven for this lapse in judgement.
— Lewis Hamilton (@LewisHamilton) 26 décembre 2017
Des excuses que certaines personnes remettent volontiers en cause : " Le fait est, Lewis Hamilton, vous devez réellement croire que ce n'est pas grave si votre neveu porte une robe de princesse. Je ne suis pas convaincu que vous le pensiez vraiment. Éduquez-vous. "
The point is, Lewis Hamilton, you actually have to believe that it really doesn’t matter if your nephew wears a princess dress. Somehow I’m not convinced you do. Educate yourself.
— Coop (@ClaraOlympia) 27 décembre 2017
L'importance de changer les mœurs
Comme ancré dans les mœurs. Les filles peuvent porter des robes, plus c'est rose mieux c'est, mais elles ont également le droit de « s'approprier les codes vestimentaires des garçons ». En effet, pendant longtemps, porter des pantalons pour les femmes a été un symbole de rébellion contre la société qui refusait de voir ses femmes arborer autre chose que des jupes ou des robes. Alors, qu'advient-il de ces derniers désirant affirmer leur part de féminité ? D’après une étude menée et publiée par le magazine "Marie-Claire" ces garçons appelés "fluide", réalisée aux Etats-Unis où comme dans beaucoup de pays cela dérange, entre 2 % et 7 % des garçons âgés de moins de 12 ans se déguisent régulièrement, mais très peu d’entre eux affirment vouloir être une fille. À l'âge de 10 ans, la plupart abandonnent d’ailleurs cette habitude. Soit ils ont dépassé le désir d'être différents et s’acceptent en tant que garçon, soit ils assument leur homosexualité.
Alors, pourquoi la question de la robe ou de la jupe pour l'homme cristallise-t-elle encore autant de tensions ? La réponse réside très certainement dans ce que le corps d'un homme peut et doit supposer. Sur un homme, la jupe est souvent jugée ridicule, perçue comme un déguisement qui enlève toute forme de virilité à l'homme. « L’impression donnée est celle d’un travestissement, or si certains hommes en jupe se travestissent, la plupart portent une jupe qui ne jette pas de doute sur leur genre masculin. Dans l’un ou l’autre cas, si l’on juge cela ridicule, c’est sans doute que l’on est mal à l’aise avec la fluidité du genre et que l’on s’accroche à des signes de virilité que l’on pense éternels, universels, pour se rassurer : la pilosité par exemple. Le 'ridicule', c’est une sanction morale, esthétique, faite au nom de la norme », analyse Christine Bard, historienne spécialiste du genre.
« Dans les mouvements de libération, les femmes ont toujours emprunté des codes aux hommes pour évoluer. Mais l’inverse n'est jamais vrai : car tout ce qui est marqué du sceau du féminin est dévalorisé », avait déclaré Marlène Coulomb-Gully, professeure à l'université de Toulouse et auteure de Médias au magazine les Inrocks.
Figure d'exception, à suivre ou à encourager
En 1984, Jean-Paul Gaultier proposait des jupes pour hommes au sein d'une collection baptisée « Et Dieu créa l'homme ». Depuis 2009, Marc Jacobs troque régulièrement ses pantalons contre des jupes, tantôt kilt, tantôt flanelle. En 2004, la jupe masculine faisait même l'objet d'une exposition au prestigieux Metropolitan Museum of Art de New York sous le titre « Bravehearts : Men in Skirts » (une référence au kilt porté par Mel Gibson dans le film Braveheart) avec de nombreux clins d’œils musicaux – aux punks, à David Bowie sur la pochette de The Man Who Sold The World, aux Nouveaux Romantiques (comme Boy George), tous adeptes de la jupe pour hommes.
Kanye West pendant un concert
Une tendance qui ne déroge pas aux rappeurs. En effet, nous avons pu voir Young Thug porter une robe en macramé fleuri pour la couverture Dazed&Confused : « Quand j’avais 12 ans, mes pieds étaient très menus et je mettais les chaussures paillettes de mes sœurs ». Il se rappelle aussi : « Mon père hurlait sur moi : “Tu ne va pas aller a l’école comme cela, tu va nous faire honte!" Mais je n’en avais rien à foutre de ce que les gens pouvaient penser, le swag ce n’est pas une affaire de “Gender” ». Conformément à sa déclaration il avait annoncé qu’il souhaite se marier habillé d’une robe, et qu’il y aura deux mariées à son mariage (avec la styliste Jerrika Karlae). "Moi je suis un gangster en robe plutôt qu’un gangster en baggy ! » s’exclamait Young Thug
Young Thug pour la pochette de "No, my name is Jeffery"
En 2012, A$AP Rocky se faisait prendre en photo en robe. A son tour, Kanye West arborait une jupe signée Givenchy lors d'un concert, avant de réitérer l'expérience aux côtés de Jay Z lors du Watch The Trone Tour. Jaden Smith, le fils de Will Smith avait également posé pour une campagne Louis Vuitton où on l'aperçoit en jupe avec le désir clair de faire changer les mentalités. « J’espère que dans quelques années, des garçons iront à l‘école en robe et ne se feront plus casser la gueule. Je veux aider à normaliser des choses jusqu’à récemment vues comme impensables. »
Jaden Smith à droite pour la campagne Louis Vuitton / QG