Petrus Gonsalvus ou l'homme qui inspira l'histoire de « La Belle et la Bête »

Focus aujourd'hui sur l'histoire méconnue de Petrus Gonsalvus, un homme atteint d'une maladie génétique rare qui aurait inspiré le personnage du prince déchu dans la « La Belle et la Bête ».

À moins d’avoir grandi dans une forteresse coupée du monde, chacun connaît l’histoire de « La Belle et la Bête », ce conte rédigé en 1740 dont l’intrigue servit de trame à l’un des films d’animation les plus populaires de Disney.

En revanche, beaucoup ignorent que ce récit, qui fit également l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques, s’avère librement inspiré d’un fait réel !

C’est du moins ce qu’affirment certains auteurs et autres historiens qui établissent un lien entre cette histoire d’amour si particulière et l'incroyable destinée d’un certain Petrus Gonsalvus, dont le seul tort aura été d’être le premier cas connu d’hypertrichose.

Cette rarissime maladie congénitale, qui se caractérise par un développement anormal du système pileux, conférait ainsi à cet homme, né vers 1537 dans les îles Canaries, un aspect hirsute rebutant, qui lui a valu le sobriquet de « sauvage ».

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Petrus Gonsalvus, l'homme qui inspira la créature de « La Belle et la Bête »

Son histoire, digne d’un roman, débute au milieu du XVIe siècle en 1547, comme le raconte un documentaire de la chaîne américaine Smithsonian Channel qui lui est consacré.

À l’époque, Henri II, tout juste couronné Roi de France à Reims, reçoit plusieurs cadeaux qui lui sont offerts pour célébrer son arrivée sur le trône. Et parmi ces offrandes se trouve un présent pour le moins original.

Il s’agit d’une cage renfermant ce qui ressemble à une bête « sauvage », laquelle n’est autre que Petrus Gonsalvus.

Suscitant autant de curiosité que de dégoût, ce dernier est alors perçu par la cour comme une féroce créature mi-homme mi-animale, susceptible de dévorer les enfants une fois la nuit tombée, comme le prétendent les croyances de l’époque.

Mais à la suite d’examens approfondis, les médecins de la cour s’aperçoivent que ce « sauvage » qui effraie tant n’est en réalité qu’un petit garçon de 10 ans, dont le visage et une partie du corps sont recouverts d’un poil épais.

Ils apprennent également que cet enfant, baptisé Pedro Gonzales, a été enlevé de force à ses parents originaires de Tenerife afin d’être vendu à prix d’or comme un vulgaire animal sauvage à une riche famille de la noblesse espagnole.

Intrigué et à la fois touché par le triste sort du garçon, Henri II décide alors de le prendre sous son aile et devient son protecteur. Le souverain exige ainsi que l’enfant - rebaptisé Petrus Gonsalvus - reçoive une éducation digne de ce nom et lui assure une place importante à sa cour.

Petrus Gonsalvus, le protégé du Roi devenu bête de foire

Surnommé le « sauvage du Roi », l’enfant suit notamment l’enseignement de trois célèbres précepteurs royaux, ce qui lui vaudra la réputation d’être l’un des plus lettrés de la cour.

Lorsqu’Henri décède en 1559, sa veuve Catherine de Médicis, qui assure la régence, devient à son tour la protectrice de Petrus et lui ordonne de se marier, afin de voir s’il transmettra son étonnante singularité physique à sa descendance.

Petrus, alors âgé d’une vingtaine d’années, épouse ainsi une femme de la cour prénommée Catherine, qui lui donnera sept enfants.

Et si les premiers semblent ne pas avoir hérité de l’hypertrichose, les historiens croient néanmoins savoir qu’au moins quatre d’entre eux souffraient de la même maladie congénitale que leur père.

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En 1589, suite au décès de Catherine de Médicis, Petrus tombe en disgrâce à la cour et se met en quête de nouveaux protecteurs pour faire vivre sa famille.

Une fois installée dans la ville de Parme, où elle est placée sous la tutelle financière du duc de Farnèse en 1591, la famille de Petrus va alors devenir, bien malgré elle, une véritable attraction, en parcourant l’Italie.

Partout où ils se rendent, Petrus, sa femme et leurs enfants attirent en effet la curiosité, très souvent malsaine.

À l’époque, il n’est pas rare par exemple que les grandes familles italiennes s’offrent des tableaux représentant cette famille hors du commun, en tenue de cérémonie.

Considérés comme des animaux de compagnie, voire des bêtes de foire, les Gonsalvus sont le plus souvent exhibés.

Pire, les enfants faisant l’objet de convoitises, l’idée de pouvoir les donner en guise de présents fait alors son chemin dans l’esprit du duc de Farnèse, à tel point que ce dernier finira d’ailleurs par offrir en cadeau à sa maîtresse l’une des filles de Petrus, Antoinetta.

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Après la difficile vie parmesane, la famille s’installe à Capodimonte dans la région du Latium. On perd ensuite sa trace et personne ne sait véritablement ce qu’il est advenu de Petrus, qui serait mort en 1618. Quant à Catherine, elle serait décédée cinq ans plus tard.

L’emplacement de leurs sépultures reste à ce jour inconnu.

Si l'histoire du mariage entre Petrus et Catherine reste très éloignée de celle racontée dans « La Belle et la Bête », de nombreux historiens affirment pourtant qu’elle est l’une des sources principales ayant inspiré l’auteure du conte, Gabrielle-Suzanne Barbot de Villeneuve.

Une théorie qui repose sur l'interprétation des œuvres représentant les époux. Sur ces dernières, du moins celles qui nous sont parvenues, le couple apparaît soudé, contre vents et marées et son amour semble en effet faire fi des moqueries et autres brimades que Petrus et Catherine ont subies durant leur existence commune.

Un amour qui semble donc triompher de leur condition et du qu'en-dira-t-on, à l’image du personnage de Belle qui, dans le conte, s’éprend de la bête.


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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.