Généralement, les requins sont connus pour naviguer dans les eaux chaudes. Sauf le requin du Groenland qui jouit de l’espérance de vie la plus longue parmi tous les animaux vertébrés. Mais comment fait-il ?
À ce jour, les scientifiques continuent d’étudier ce carnassier des eaux polaires, tentant de comprendre comment il peut vivre aussi longtemps. Le premier spécimen n’a été découvert qu’en 1995 et il s’agit de l’animal vertébré ayant l’espérance de vie la plus longue.
Naviguant dans les eaux du nord de l’océan Antarctique, du nord de l’océan Pacifique et dans celles de l’Arctique, il est très rare et difficilement observable car il n’élit domicile que dans les eaux inférieures à 12 degrés. En réalité, sa longévité est la cause directe de sa rareté.
On estime qu’il peut atteindre l’âge de 272 ans au minimum et peut vivre jusqu’à 500 ans, selon le biologiste danois Julius Nielsen, travaillant à l’Université de Copenhague : « Nous pensions qu’il avait une grande longévité mais j’étais surpris de voir qu’ils étaient aussi âgés. »
Selon les premiers éléments de leur étude, le requin du Groenland aurait cette longévité car il grandit très lentement, à raison d’un centimètre par an. Afin d’estimer l’âge de cet animal, les scientifiques ont dû analyser… leurs yeux !
Pour ce faire, ils ont étudié 28 spécimens femelles qui faisaient partie d’un programme de contrôle commercial pour l’Institut des Ressources Nationales du Groenland. Avec ce panel élargi qui présentaient des spécimens de taille différente (et donc d’âge différent), ils ont pu les comparer.
Chez le requin du Groenland, la structure de l’œil est unique puisque la lentille grandit au fur et à mesure que l’animal prend de l’âge. Plus il grandit, plus il accumule de couches sur ses lentilles. Les scientifiques n’ont plus qu’à analyser la composition chimique de l’œil afin d’estimer son âge.
Parmi les 28 spécimens qu’ils avaient en observation, ils ont déterminé que leur espérance de vie était de minimum 272 années, selon le rapport de l’étude publié ce 11 août dans le journal Science.
Le requin le plus grand faisait 5 mètres et était âgé de 392 ans. Un chiffre approximatif puisque les biologistes admettent qu’ils n’ont aucune certitude quant à l’âge précis. Ils estiment, à 95%, que le requin avait entre 272 et 512 ans, et se sont fixés un âge autour des 390 années.
Si ce requin se fait aussi rare, c’est parce qu’il grandit très lentement et qu’il arrive à maturité, prêt à procréer, seulement à partir de 150 années d’existence. Il faut donc un siècle et demi pour qu’un spécimen puisse se reproduire.
Selon les scientifiques, l’environnement froid dans lequel ils évoluent serait la cause de leur lente croissance. En effet, les températures basses ralentit le processus de développement de leur métabolisme mais préserve très bien leur organisme.
D’après Julius Nielsen, la mort d’un seul spécimen est une grosse perte pour son espèce. Il arrive parfois que des pêcheurs fassent une prise accidentelle et le biologiste universitaire demande à ce que ceux-ci fassent très attention pour ne pas les tuer. De plus, le réchauffement climatique pourrait également engendrer l’extinction progressive de cette espèce.
« Sa longévité est remarquable, mais j’espère que le public reconnaîtra à quel point il est important de conserver l’écosystème des eaux profondes de l’Arctique » confie Aaron Fisk, écologiste à l’Université de Windsor, qui n’a pas participé à l’étude.
Impressionnant la longévité de cet animal, n’est-ce pas ?