« Les États-Unis ne deviendront pas un camp pour migrants », a promis Donald Trump ce lundi 18 juin. Depuis que le Président a nettement durci les mesures de contrôle à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, des milliers de familles de clandestins se retrouvent séparées avant d'être mises dans des camps de détention.
Trump begins Space Council Event speech by blaming Dems for his policy of separating families.
— Aaron Rupar (@atrupar) 18 juin 2018
«I would say it's strongly the Democrats' fault. They are obstructionists. The United States will not be a migrant camp and it will not be a refugee holding facility.» pic.twitter.com/frnMgtRvxl
Alors que ce mercredi 20 juin marque la Journée mondiale des réfugiés, la situation des migrants venus aux États-Unis pour fuir la violence qui fait rage dans certains pays d'Amérique centrale (principalement au Guatemala, Salvador et Honduras) est de plus en plus chaotique.
Plus de 2 300 mineurs ont ainsi été arrachés à leur famille depuis que l'administration Trump a enclenché au mois d'avril sa politique de « tolérance zéro » vis-à-vis de l'immigration illégale, qui entend inculper systématiquement les clandestins ayant franchi la frontière sans papiers avant même qu'ils ne puissent déposer une demande d'asile.
Des milliers de tribus se retrouvent donc déchirées et font face à des séparations insoutenables. L'organisme ProPublica s'est procuré un enregistrement bouleversant qui a été tourné dans l'un des centres de détention à la frontière mexicaine où les familles de migrants sont fragmentées. On y entend des pleurs d'enfants appelant désespérément leurs parents, mais aussi un agent moqueur de la police, visiblement insensible au cri de détresse des petits : « On a un vrai concert, là. Il ne manque plus qu'un chef d'orchestre », s'amuse-t-il.
Certaines réactions de médias américains sont encore plus choquantes que l'enregistrement en lui-même. Une journaliste de la chaîne Fox News a tenu des propos aberrants et appelé le Président à ne pas « tomber dans le panneau » de ce « jeu d'acteurs d’enfants pleurnichards », comme vous pouvez le voir ci-dessous :
Ann Coulter on Fox News calls crying immigrant children «child actors» and looks directly into the camera to warn Trump not to fall for it. pic.twitter.com/SIjrocmxKB
— Jon Levine (@LevineJonathan) 18 juin 2018
Une photo a elle aussi marqué les esprits. Prise le 12 juin dernier dans la vallée du Rio Grande, elle a fait le tour du monde, devenant le symbole de la détresse de ces familles séparées quotidiennement à la frontière entre États-Unis et Mexique. Ce cliché de John Moore, lauréat du Prix Pulitzer et correspondant pour Getty Images, montre une fillette hondurienne de 2 ans en larmes qui lève les yeux vers sa mère, en train d'être fouillée par un membre de la police des frontières américaine.
Quelques instants après, mère et fille partaient dans un fourgon rempli d'autres clandestins en direction d'un centre de rétention. On ignore ce qu'elles sont devenues ensuite, comme l'explique le photographe sur le site Foto de Getty images.
John Moore
Les jeunes migrants qui tentent d'entrer avec leurs parents sur le territoire américain par la frontière mexicaine se retrouvent en transit dans des centres spécialisés pour mineurs (ils ne peuvent pas être incarcérés), dont de nombreuses images et vidéos des plus choquantes ont été partagées dans différents médias pour la première fois ce dimanche 17 juin.
Les milliers d'enfants esseulés sont parfois détenus dans des cages en fer pouvant contenir une vingtaine d'entre eux et disposent du strict minimum. Les adultes, quant à eux, sont arrêtés et détenus dans des prisons fédérales.
Une situation vivement dénoncée
C'en est trop pour cette présentatrice sur MSNBC qui, en plein direct ce mardi 19 juin, n'a pas pu terminer le lancement d'un reportage sur les centres pour bébés et jeunes migrants tant elle était perturbée. « C'est invraisemblable », lâche-t-elle au bord des larmes en découvrant sa fiche :
« Les bébés pourront être séparés de leurs mères »
— Estelle Ndjandjo (@Ndj_estelle) 20 juin 2018
Suite du feuilleton crise des #migrants aux États-Unis ... la présentatrice vedette de @MSNBC pleure en direct en lisant la dépêche qui vient de tomber #JourneeMondialedesRefugies #Trump pic.twitter.com/W0imnHxHFx
Autre fait rarissime : le chef d'État américain a été vivement interpellé par des parlementaires démocrates dans les couloirs du Capitole, au siège du Congrès, ce mardi. La dizaine d'élus venue protester tient en main des photos d'enfants en pleurs et des panneaux affichant « Les familles doivent être ensemble ». « Vous aimeriez que l'on prenne vos enfants, vous ? », lance l'un des parlementaires, pendant que Donald Trump passe en se contentant de saluer la foule et de sourire aux caméras.
«Vous avez pourtant des enfants ! » Des parlementaires démocrates interpellent Donald Trump sur la séparation des familles de migrants pendant sa visite au #Capitole #AFP pic.twitter.com/kef4D6qJPk
— Elodie Cuzin (@elodiecuzin) 19 juin 2018
La Première dame américaine en personne semble en désaccord avec la politique de son mari. Melania Trump a en effet plaidé en faveur d'un accord rapide pour adopter une réforme de l'immigration, en confiant « détester voir des enfants séparés de leur famille ».
Donald Trump, de son côté, pousse les républicains, pressés de voir cesser la profusion de récits tragiques d'enfants livrés à eux-mêmes, à présenter un texte qui réglerait cette situation tout en prenant en compte ses exigences, notamment le financement d'un mur à la frontière.
Why don’t the Democrats give us the votes to fix the world’s worst immigration laws? Where is the outcry for the killings and crime being caused by gangs and thugs, including MS-13, coming into our country illegally?
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 18 juin 2018
Dernier fait marquant en date : les États-Unis ont décidé de se retirer du Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies. « Nous prenons cette mesure parce que notre engagement ne nous permet pas de continuer à faire partie d’une organisation hypocrite et servant ses propres intérêts, qui fait des droits de l’homme un sujet de moquerie », a annoncé ce mardi Nikki Haley, l'ambassadrice américaine à l'ONU.
Jusqu'où la puissance américaine poursuivra-t-elle sa politique isolationniste ?