France : un million de travailleurs vivent sous le seuil de pauvreté

Un million de Français vivent en dessous du seuil de pauvreté alors qu’ils disposent d’un emploi, si l'on en croit les conclusions d'un rapport rendu public ce mardi. Détails.

« Il y a de plus en plus de pauvres et le fossé se creuse avec les riches ». Telle est la ritournelle, ou plutôt la rengaine, qui revient sans cesse dans la bouche de certains politiques classés à gauche de l’échiquier. Ceux-là mêmes qui s’octroient une légitimité, s’érigeant en défenseurs des plus démunis au risque de donner à leurs adversaires les arguments adéquats pour un procès en démagogie !

Mais que l’on soit ou non de leur bord, difficile de ne pas partager ce refrain alarmiste. C’est un fait, la France se paupérise et c’est peu de le dire !

Un million de Français vivent en dessous du seuil de pauvreté alors qu’ils disposent d’un emploi. Crédit photo : StanislauV / Shutterstock

À force d’agiter le chiffon rouge et de le crier sur tous les toits, plus personne n’osait y prêter attention et certains ne prenaient même plus de gants lorsqu’il s’agissait de remettre en doute cette affirmation. Et pourtant, le constat est implacable et les chiffres ne mentent pas !

La pauvreté et les inégalités n’ont eu de cesse d’augmenter dans le pays, ces dix dernières années. C’est le terrible bilan dressé ce mardi par un rapport de l’Observatoire des inégalités.

Publié tous les deux ans depuis 2015, ce rapport d’expertise indépendant insiste notamment sur l’inexorable précarisation des travailleurs.

La progression du taux de précarité des travailleurs, « un phénomène nouveau et inquiétant »

« La France qui subit les inégalités est d’abord celle des flexibles au travail », souligne ainsi Louis Maurin (co-directeur de l’Observatoire), qui a supervisé - avec Anne Brunner - ce travail portant sur les inégalités qui existent entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les différentes CSP (Catégories socio-professionelles), qu’elles soient liées aux revenus, à la santé ou encore à l’éducation.

On y apprend notamment qu’un million de travailleurs vivent sous le seuil de pauvreté, que l’Observatoire des inégalités situe à 50% du revenu médian (soit 855 euros par mois pour une personne seule). À titre de comparaison, l’Insee le situe, de son côté, à 60 %, soit 1 026 euros.

Selon les chiffres communiqués, le « taux de précarité » des travailleurs a atteint 13,6 % en 2017, contre 12% dix ans auparavant. Une progression qui s’avère être « un phénomène nouveau et inquiétant », à en croire l’Observatoire.

Selon les auteurs du rapport, cette hausse s'explique par la très forte augmentation, depuis 2014, des contrats courts comme les CDD (à durée déterminée), les missions d'intérim et autres apprentissages.

8 millions de personnes sont « en situation de mal-emploi »

D’autre part, le document recense plus de huit millions de personnes « en situation de mal-emploi », ce qui signifie que ces dernières sont au chômage ou en « contrat précaire ».

« Cette France de l’insécurité sociale a un visage : celui des employés et des ouvriers peu ou non qualifiés, des ‘uberisés’, des indépendants (du bas de l’échelle). Pour une grande part, cette France a animé les manifestations des ‘gilets jaunes’ », précise Louis Maurin.

Entre 2006 et 2016, le nombre de personnes considérées comme pauvres - c’est-à-dire vivant sous le seuil de pauvreté établi à 50% du revenu médian - est passé de 4,4 à 5 millions, soit « 600.000 pauvres de plus en dix ans ». Leur nombre atteint même les 8,8 millions si l’on se réfère au seuil de l’Insee.

Enfin, telle une brève éclaircie dans ce ciel bien assombri, la France demeure l’un des pays européens qui présentent d’un des plus faibles taux de pauvreté (6,8 %) du continent, derrière la Finlande (4,9 %) et les Pays-Bas (6,6 %).

Maigre consolation !

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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.