Alors que le conflit n’a de cesse de s’enliser au Yémen, on apprend aujourd’hui que 85 000 enfants yéménites seraient morts de faim et de maladies depuis 2015.
La lutte armée que se livrent depuis maintenant 3 ans les rebelles Houthis et la coalition arabe pro-gouvernementale, dirigée par l’Arabie Saoudite, ravage le Yémen et fait craindre un désastre à grande échelle.
La récente Une du New York Times montrant l’insoutenable photo d’une fillette affamée - aujourd’hui décédée - avait ainsi révélé au grand public l’horreur de cette guerre, souvent occultée dans les médias occidentaux, ainsi que les conséquences de la malnutrition qui consume ce petit État de la péninsule arabique.
La photo d'Amal Hussain, 7 ans, a tout de ces images dont on veut croire qu'elles marqueront les conscienceshttps://t.co/KXCK1SMo3B
— Arrêt sur Images (@arretsurimages) 3 novembre 2018
Il faut savoir que de violents combats ont éclaté il y a peu autour de la ville portuaire de Hodeida (Al-Hodeïda), zone stratégique sur le littoral ouest, par laquelle transitent 75% de l’aide humanitaire acheminée sur place. La bataille pour son contrôle risque d’interrompre ces arrivages de denrées alimentaires et autres médicaments, faisant jaillir le spectre d’une famine de grande ampleur.
« Pour chaque enfant tué par des bombes et des balles, des douzaines meurent de faim »
Et le pire est à venir si l’on en croit les ONG implantées sur place, lesquelles tirent la sonnette d’alarme quant à la catastrophe humanitaire qui se déroule actuellement. L’une de ces organisations, baptisée « Save The Children », affirme ainsi que 84 701 enfants seraient d’ores et déjà morts de faim et de maladies depuis avril 2015, date coïncidant avec la profonde escalade du conflit. D’autres auraient également succombé lors d’affrontements entre les belligérants et sous les bombardements de l'aviation saoudienne.
Ce chiffre effrayant a été obtenu à l’aide d’estimations fournies par l’ONU. Des données qui ont permis à l’ONG d’évaluer les taux de mortalité, causés par la malnutrition et les maladies, chez les enfants âgés de moins de cinq ans.
« Nous sommes horrifiés par le fait qu’environ 85 000 enfants sont morts de faim. Pour chaque enfant tué par des bombes et des balles, des douzaines meurent de faim et on peut l’éviter », a déploré le directeur de l’ONG Tamer Kirolos dans un communiqué alarmant.
Depuis début 2015, ce conflit sanglant mettant aux prises les rebelles à la coalition a déjà fait environ 10 000 morts dans les deux camps. D’autre part, la famine menacerait directement 14 millions d’habitants, dont la moitié sont des enfants.
L'Unicef estime par ailleurs qu'environ 4,5 millions d’enfants risquent d’être privés de scolarité, en raison des nombreuses destructions d’établissements scolaires. Ainsi, on estime que plus de 2 500 écoles ont été endommagées ou détruites depuis fin 2016.
Le Conseil de sécurité de l’ONU discute actuellement d’un projet de résolution, présenté par les Britanniques, destiné à obtenir une trêve afin que l’aide humanitaire puisse arriver à destination.