Meryl Streep, présentée des deux côtés de l’Atlantique comme la « meilleure actrice de tous les temps », a donné un discours plus qu’engagé visant à dénoncer le comportement « dangereux » du futur président des États-Unis, Donald Trump, lors de la cérémonie des Golden Globes Awards le 8 janvier dernier à Beverly Hills (Californie).
Récompensée des mains de Viola Davis (La couleur des sentiments, la série « Murder » diffusée sur M6, etc.) pour sa « contribution exceptionnelle au monde du divertissement » en recevant le prestigieux prix Cecil B. DeMille Award, Meryl Streep a pris la parole.
« Dangereux, irrespectueux et humiliant ». L’actrice américaine de 67 ans a ainsi vivement condamné le comportement de celui qui s’apprête à investir les murs de la Maison-Blanche (Washington) le 20 janvier prochain — sans jamais mentionner son nom une seule fois.
Stigmatisation raciale, attaques personnelles et harcèlement moral… nombreux étaient les « défauts » du 45ème président des États-Unis énoncées par la bouche de l’actrice américaine. Un appel aux médias, à la fraternité et un hommage vibrant à son amie de longue date, la regrettée Carrie Fisher, décédée des suites d’une crise cardiaque le 27 décembre dernier.
Voici la traduction : « Nous faisons maintenant partie des populations les plus dénigrées de la société américaine. Hollywood. Les étrangers. La presse. Mais c'est quoi Hollywood, de toute façon ? Seulement des gens qui viennent d'un peu partout. Juste un groupe de gens qui viennent d'ailleurs. Je suis née et j'ai été éduquée dans les écoles publiques du New Jersey. »
« Viola (NDLR : Davis) est née dans une petite ferme de Caroline du Sud, avant d'aller à Central Falls, dans l'État de Rhode Island. Sarah Paulson est née en Floride, élevée par une mère célibataire à Brooklyn. Sarah Jessica Parker était l'une des sept ou huit enfants d'une famille de l'Ohio. Amy Adams est née à Vicence, en Italie. Et Natalie Portman est née et a grandi à Jérusalem. Où sont leurs certificats de naissance ? Et la magnifique Ruth Negga est née à Addis-Abeba, en Éthiopie, élevée à Lon… non, en Irlande je crois. Et elle est là, nommée pour avoir joué une fille d'une petite ville de Virginie. Ryan Gosling, comme tous les gens les plus gentils, est Canadien. Et Dev Patel, qui est né au Kenya et a été élevé à Londres, est là parce qu'il a joué un Indien élevé en Tasmanie. » dit-elle. « Où sont leurs actes de naissance ? » ironise l’interprète la plus nommée de l’histoire des Oscars, détentrice de 8 Golden Globes Awards et trois fois oscarisée.
« Hollywood est rempli d'étrangers et d'outsiders. Si vous mettez tout le monde dehors, vous n'aurez plus rien d'autre à regarder que du football et du free-fight. Ce n'est pas ce que l'on appelle de l'art. Il y a eu de nombreuses performances qui sont sorties du lot cette année. Mais il y en a une qui m'a laissée bouche bée. Elle n'avait rien de bon mais elle a été très efficace. Elle a fait rire le public à laquelle elle était destinée. C'était ce moment où la personne qui voulait s'installer à la place la plus respectée du pays a imité un journaliste handicapé » dénonce l’actrice alors qu’elle fait référence à l’un des discours de la campagne présidentielle de Donald Trump lorsque celui-ci s’était moqué ouvertement du handicap physique d’un journaliste.
« Il avait plus de pouvoir, d'argent et de poids que cette personne. Cela m'a brisé le cœur. Je n'arrive toujours pas à y croire parce que ce n'est pas du cinéma, c'est la vraie vie. Cet instinct d'humilier qui est mis en avant en public, par quelqu'un de puissant, a une incidence sur la vie de tous parce que cela devient comme une autorisation à faire de même. Le manque de respect appelle au manque de respect. La violence appelle à la violence. »
Et de terminer par les mots que Carrie Fisher lui avait soufflés sur un tournage : « Utilise ton cœur brisé pour en faire de l'art ».
De son côté, le magnat de l’immobilier a depuis condamné le discours de Meryl Streep dans une interview téléphonique accordée au New York Times, en justifiant les prises de position de l’actrice à travers son soutien à l’ex candidate démocrate Hillary Clinton : « [ Meryl Streep ] est une fan d’Hillary Clinton (…) Je ne suis pas étonné de me faire attaquer par les gens libéraux du cinéma. »