La propriétaire d'un château du sud-ouest aurait trompé une célèbre émission de télévision, en inventant un mensonge énorme. Récit.
C'est une histoire qui commence à faire grand bruit !
Une châtelaine qui prétendait, dans certains médias, avoir réhabilité entièrement un château enseveli sous terre, dans le Lot, aurait en réalité inventé cette histoire de toute pièce et dupé des journalistes.
C'est en tout cas ce qu'affirment des historiens, mais aussi des locaux, qui connaissent la bâtisse depuis toujours. En colère contre celle qu'ils considèrent comme une affabulatrice, ces derniers contre-attaquent aujourd'hui.
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Elle invente une histoire étonnante et passe à la télévision, avant que le pot aux roses ne soit révélé
Propriétaire du château de Lantis à Dédagnac, Françoise Barbier-Damiette avait ainsi participé à un documentaire de l'émission « Des Racines et des Ailes », dans lequel elle racontait les différentes étapes de rénovation de sa demeure majestueuse, datant du XVIIe siècle. La châtelaine y expliquait notamment que l'édifice était en partie « enseveli sous plusieurs mètres de terre » lorsqu'elle en avait fait l'acquisition et qu'il avait fallu, par conséquent, beaucoup de travaux pour lui redonner son lustre d'antan et le rendre habitable.
Diffusé sur France 3 le 5 février dernier, le reportage - consacré aux personnes réhabilitant de vieilles bâtisses - avait été particulièrement suivi par les téléspectateurs, subjugués notamment par cette fantastique histoire du château de Lantis.
Repris également par le quotidien Sud-Ouest dans un article rédigé par la journaliste Stéphanie Claude, ce récit incroyable serait pourtant totalement inventé, selon certains historiens et les habitants de Dédagnac, qui en veulent beaucoup à Françoise Barbier-Damiette.
C'est d'abord la « Société des études littéraires (SEL), scientifiques et artistiques du Lot » qui est montée au créneau contre le reportage, dès le lendemain de sa diffusion. Consternée par la version racontée par la châtelaine, l'institution a ainsi rectifié « certaines assertions », le 6 février sur son compte Facebook, photos à l'appui.
« Suite à la diffusion de l'émission "Des racines et des ailes", la SEL se voit dans l'obligation de rectifier certaines assertions : le château de Lantis n'a pas disparu de la vue des Lotois "depuis plus de 200 ans" et n'a jamais été réduit au statut de "petite butte d'où dépassait un simple pigeonnier". Il est resté en très mauvais état mais toujours parfaitement visible comme en témoignent les photos du Fonds Mailhol de la SEL ainsi que la description figurant dans le t. 99 de 1978, p. 265 (SEL) »
Membre de cette Société des études et Docteur en histoire médiévale, Patrice Foissac a, lui aussi, fustigé la version colportée par l'émission.
Interrogé par Sud-Ouest dans le cadre d'un article de fact checking (rédigé par... Stéphanie Claude), le scientifique dénonce ainsi « un affreux mensonge ». Il évoque par ailleurs « une escroquerie intellectuelle », ou encore « un récit surréaliste et ahurissant ».
L'intéressé sait de quoi il parle puisqu'il a pu visiter le château à une période où Françoise Barbier-Damiette n'en était pas encore la propriétaire. À l'époque, il avait donc pu constater par lui-même que l'édifice n'était pas enseveli.
« On n'avait pas connaissance de ces affreux mensonges. Ce qui est fou, c'est que malgré tout, elle a bâti progressivement cette invention hallucinante » Patrice Foissac
Questionné à son tour sur ce mensonge, le maire de Dédagnac, Didier Pugnet, parle, lui, d'un « délire ».
« Elle (Françoise Barbier-Damiette n.d.l.r) a toujours eu et défendu son idée. Elle est dans son délire, on pourrait la confronter mais pas pour grand-chose », Didier Pugnet.
« C'est dommage, car ça gâche l'image de cette bâtisse qui a été bien restaurée », regrette même le premier édile, qui précise que de nombreux habitants de sa commune avaient autrefois écrit à TF1, suite à la diffusion d'un précédent reportage, datant de 2019, dans lequel Françoise Barbier-Damiette racontait déjà sa fausse version de l'histoire.
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Depuis ces révélations compromettantes, le reportage a été effacé des replays de France 3. Malgré la polémique grandissante, la société « Troisième Œil », qui a produit et réalisé l'émission, a assuré avoir fait son travail honnêtement, en vérifiant les informations divulguées.
« Toutes les informations diffusées dans le reportage ont été rigoureusement vérifiées auprès des organismes locaux spécialisés, dont l'office du tourisme du Lot. Il est donc inexact de suggérer qu'une quelconque erreur ou approximation ait été rapportée » (Troisième Œil)
Quant à la journaliste de Sud-Ouest Stéphanie Claude - elle aussi bernée par Françoise Barbier-Damiette - elle s'est dit « très embêtée » pour les lecteurs de Sud-Ouest, ajoutant qu'il était « important de rétablir la vérité », à ses yeux.
