Près de 200 ans après le déchiffrement de la pierre de Rosette, qui a permis de lire les hiéroglyphes et de comprendre l'héritage de l'Égypte ancienne, la dalle emblématique se trouve toujours loin de son lieu d'origine. Mais un groupe d'archéologues égyptiens espère changer cela, en renouvelant leur appel pour que la pierre de Rosette retourne dans le pays où elle a été découverte.
Crédit : Amir Makar / AFP
Les scientifiques ont lancé une pétition pour demander aux responsables politiques locaux de soumettre une demande officielle à l'Angleterre pour le retour de la pierre de Rosette, qui est actuellement exposée au British Museum, rapporte Al Jazeera. La pétition en ligne a déjà recueilli environ 2 500 signatures à ce jour. Cette dernière a notamment pour but de dire aux Égyptiens « le patrimoine qui leur a été enlevé » a déclaré Monica Hanna, doyenne du collège d'archéologie de la ville d'Assouan.
La pierre de Rosette a été découverte en 1799 par des soldats français lors de l'invasion de l'Égypte par Napoléon Bonaparte. Après la défaite de l'armée française face aux Britanniques, la pierre a été déclarée propriété des Britanniques, avec 16 autres antiquités que les Français avaient sorties de terre. Elle est exposée au British Museum depuis 1802, et évidemment, les anciens colonisateurs de l'Égypte ne veulent vraiment pas la rendre.
Crédit : Steven Zucker
La célèbre pierre est issue d'une dalle de pierre plus grande sur laquelle est inscrit un message en trois langues différentes : hiéroglyphes, démotique (écriture égyptienne cursive d'usage courant) et grec ancien. Lorsqu'elle a été découverte, personne ne savait lire les hiéroglyphes, la langue des anciens Égyptiens. Mais au début du 19e siècle, les chercheurs ont pu utiliser l'écriture grecque ancienne pour déchiffrer le code de la pierre de Rosette et enfin comprendre la langue de l'Égypte ancienne.
La signification de la pierre de Rosette est particulièrement importante pour les Égyptiens, car elle leur permet de comprendre l'histoire et la culture de leurs ancêtres. Mais, comme l'indique le British Museum sur son site web, la pierre de Rosette est « l’un des objets les plus célèbres du British Museum », même si elle évoque l'histoire coloniale du pays. Outre la pierre de Rosette, le British Museum possède des tonnes d'objets volés qu'il refuse de rendre à leurs propriétaires légitimes.
Crédit : Steven Zucker
Un espoir pour l’Égypte ?
Mais avec une pression suffisante, il y a peut-être un espoir que le musée renonce à certaines pièces pillées au cours de l’histoire. En effet, en août, le British Museum a accepté de restituer au gouvernement nigérian 72 objets qui avaient été rapportés illégalement du Nigeria il y a plus de cent ans lors d'une invasion militaire britannique. Le Nigeria a réclamé ses artefacts volés pendant des décennies avant que le British Museum ne se décide enfin à les rendre. L'institution n'a cédé qu'après une tentative, en 2018, de faire accepter au Nigeria un prêt temporaire des objets.
L'Égypte, en revanche, n'a pas eu de chance en négociant le retour de ses objets inestimables. Le gouvernement égyptien demande également depuis des décennies le retour d’Allemagne du buste de la reine Néfertiti, mais le gouvernement a refusé à plusieurs reprises de rendre la statue vieille de 3 400 ans. Les artefacts égyptiens sont dispersés dans le monde entier dans diverses expositions, tandis que l'Égypte s'appuie sur son histoire ancienne pour promouvoir son industrie touristique qui emploie près de deux millions de personnes et constitue une importante source économique.