La langue française est sans doute l’une des plus riches et des plus complexes au monde. Elle abrite notamment des centaines d’expressions que la plupart d’entre nous emploient sans même en connaître les origines.
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Aujourd’hui, nous allons lever le mystère sur 15 d’entre elles, qui appartiennent au langage courant et que chacun d’entre nous utilise au quotidien mais dont quasiment personne sait avec certitude et précision d’où elles viennent. En quelques mots, vous allez ainsi avoir l’occasion d’apprendre l’origine de nombreuses expressions qui pour beaucoup trouvent leurs sources dans les pratiques qui remontent à plusieurs siècles.
En plus d’améliorer votre culture générale, les explications ci-dessous seront également l’occasion de briller en société en faisant part à vos proches de tout ce savoir dès qu’ils utiliseront l’une de ces expressions
Les voici :
1. Jeter l’éponge
Cette expression vient de la boxe. Dans ce sport, le coach utilise une éponge (aujourd’hui une serviette) pour, entre les rounds, essuyer son poulain de la sueur et éventuellement du sang qu'il a sur le visage et le torse, et pour le rafraîchir. Et lorsque son protégé et en trop mauvais état, il a comme possibilité de jeter sur le ring cette éponge pour signifier l'abandon du combat.
2. Tourner autour du pot
Dans le vocabulaire du XVème siècle, le pot signifie la grosse marmite servant à cuire tous les repas de famille. Or par temps de famine, il fallait tourner autour de ce pot en question dans l’espoir de chiper quelque chose à manger sans être repéré. Au XIXème siècle, tourner autour du pot quitta les cuisines pour exprimer tout ce qui pourrait être fait ou abordé de manière indirecte.
3. Faire un caca nerveux
Cette expression apparue pendant la seconde moitié du XXème siècle. Elle ferait référence à la figure rouge d'un enfant lorsqu'il fait ses besoins. En forçant, effectivement, le visage d'un bébé devient tout rouge tout comme un adulte qui atteint un fort niveau de colère. Mais comme «faire un caca» n'impliquait pas forcément le fait d'être énervé, le qualificatif « nerveux » y a été accolé.
4. La lune de miel
Le terme apparaît dans la langue française en 1747 et serait inspiré de pratiques d’autres continents. Les pharaons, par exemple, buvaient une boisson au miel durant les 29 jours suivant le mariage. À l’époque de Babylone, le père de la mariée devait offrir à son gendre une bière à base de miel durant le mois suivant les noces. Le calendrier était basé sur le cycle lunaire et le mois du miel est donc logiquement devenu la lune de miel.
5. Se prendre un râteau
Cette expression datant des années 1990 puise son origine dans deux sources. À l’époque du cinéma muet, un gag était récurrent : celui du jardinier qui, ne prêtant pas attention à ses pieds, marche sur les dents du râteau, et se fait frapper en retour par le manche de l’outil. Cet épisode, ridicule et douloureux, représenterait le sentiment éprouvé lorsque l’on échoue à séduire.
6. Amuser la galerie
Cette expression est apparue au XVIIème siècle et fait référence au jeu de paume. Ce dernier se jouait sur un terrain entouré d'une galerie couverte. Dans le but d’impressionner les spectateurs se trouvant sous la galerie, les joueurs ajoutaient parfois du spectacle en effectuant des acrobaties. On a donc commencé à dire qu'ils «amusaient la galerie» et le terme est resté.
7. Avoir la dalle
Au XIVe siècle, « la dalle » signifiait la gouttière ou l’auge. Ce n’est que deux siècles plus tard que le mot dalle signifie une grande plaque de pierre qui est souvent posée au sol. L’expression vient du XVème siècle, a l’époque où la dalle était un mot argotique désignant le « gosier », soit l’endroit par lequel passent les aliments. C’est l’écrivain Auguste Le Breton en 1960 qui parle d’avoir la dalle.
8. Se tirer la bourre
La bourre désigne des rejets de poils mais également les amas de poils d’animaux servant à remplir les coussins. Deux phénomènes peuvent expliquer cette expression : les anciens lutteurs qui se battaient torse nu et s’arrachaient des touffes pendant les combats, et les parties de chasse où les chiens arrachaient les poils des proies attrapées en se battant pour obtenir ladite bête.
9. Merde
Cette expression vient du monde du spectacle. Au XIXème siècle, les bourgeois se rendaient au théâtre ou à l'opéra en calèche et les chevaux déféquaient devant l'entrée. Le succès d'un spectacle pouvait donc se mesurer à la couche de déjections qui jonchaient le sol et les gens du spectacle ont pris l'habitude de se souhaiter « merde » avant chacune de leurs représentations.
10. Être sur la sellette
La sellette était un petit siège qui servait, au XIIIème siècle, à faire asseoir les accusés pour les interroger longuement. Elle était volontairement basse pour que les juges du tribunal puissent dominer ceux qu’ils allaient tenter de faire parler. Son usage fut aboli après la Révolution mais l’expression « être sur la sellette » signifie toujours «être exposé à la critique, au jugement».
11. Se faire la malle
La malle est ce coffre dans lequel nos grands-parents enfermaient leurs vêtements et leurs effets quand ils partaient. Il est donc synonyme de départ et de voyages. L’expression désignait en langage argotique l’évasion d’un prisonnier. Ce dernier « s’était fait la malle » quand il avait fait sa valise et s’était tout bonnement enfui. La métaphore serait apparue en français à partir de 1935.
12. Point barre
Il existe un grand nombre d’hypothèses sur l’origine de cette expression mais la plus probable est celle issue de la dactylographie. Lorsque l’on tape sur un clavier, on termine une phrase par un point et un espace, obtenu avec la « barre » d’espace. D’où le « point barre » pour achever une discussion ou tout échange. Comme quoi, il ne faut pas toujours aller chercher très loin.
13. Être une tête de Turc
Cette expression fait allusion à une attraction des stands de foire du XIXème siècle. En frappant avec une massue sur un dynamomètre, les passant s’amuser à mesurer leur force. La partie frappée représentait souvent une tête ornée d’un turban, rappelant le style des soldats de l’Empire ottoman. Ils étaient craints et leur religion musulmane était rejetée par l’Europe chrétienne.
14. Prendre le taureau par les cornes
Cette expression signifie s’attaquer à un problème en y faisant face. Elle aurait été influencée par le récit de Norberto Caimo à son retour d’Espagne en 1755. Dans ce dernier, il raconte avoir vu des hommes ayant « attrapé un taureau par les cornes avant de le renverser par terre ». Depuis, de nombreux pays ont repris la même image afin de définir le courage et la détermination.
15. Veiller au grain
Contrairement à ce que beaucoup d’entre nous pensent, cette expression qui signifie être vigilant, n'a rien à voir avec l'agriculture, mais vient du monde maritime. En effet, en mer, le grain est une tempête de vent soudaine et intense qui peut ne durer que quelques minutes. Elle est très redoutée par les marins et c’est pour cela qu’ils la surveillent avec une grande attention, d’où l’expression.