En Inde, la pratique du vitriolage (le jet d'acide sulfurique sur le visage) représente encore aujourd'hui un problème persistant. L'association Acid Survivors Trust International estime qu'il y aurait, chaque année, entre 500 et 1000 attaques à l'acide en Inde — bien que quelques centaines de cas seulement soient déclarées aux autorités, à cause de la honte et de la peur qui accompagne les victimes, mais aussi à cause de la pression sociale et familiale qui en conduit certaines à rester avec des familles violentes.
Ce sont les femmes qui sont principalement ciblées par ce fléau. Le geste, souvent accompli dans un contexte de « crime d'honneur » par leurs maris ou par des membres de leur propre famille, consiste à viser leurs visages dans un but punitif, afin de les « marquer », de les défigurer à vie, de les humilier et de leur ôter toute beauté. Couvertes de honte, elles sont ensuite considérées comme des monstres, des parias, ont peur de se montrer en public.
India, donne sfregiate da acido sfilano in passerella grazie a 'Make love not scars' https://t.co/ZTnSasf96r pic.twitter.com/PEGB5yyBcU
— IlMondo.tv (@IlMondoTv) 27 novembre 2017
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Publié par Make Love Not Scars sur dimanche 26 novembre 2017
Ce samedi soir, en Inde, neuf femmes défigurées à l'acide ont défilé lors du tout premier événement de haute couture réservé aux survivantes de vitriolage. Elles ont défilé à New Delhi, dans des robes confectionnées par les meilleurs designers indiens. Cet événement, organisé par l'ONG Make Love Not Scars, avait pour but de sensibiliser le public sur la barbarie de cette pratique mutilatoire, et de lever les préjugés qui pèsent encore au quotidien sur les victimes, tout en donnant un autre regard sur la mode et en interrogeant notre propre perception de la beauté.
« Avant, j'étais gênée par la réaction des gens dans la rue. Ils regardaient ailleurs, me demandaient ce qu'il m'était arrivé... On te dit que personne ne va jamais t'épouser, qu'avec un visage aussi difforme, tu n'es pas belle. » Reshma Bano Qureshi, 20 ans, raconte son calvaire, les souffrances qu'elle a dû endurer après avoir été agressée par son beau-frère. « Aujourd'hui, je suis fière, j'ai confiance en qui je suis. Je veux que les gens sachent que le visage n’est pas ce qui te rend beau, c’est ton cœur ». La jeune femme, dont les propos ont été recueillis par l'AFP, était déjà apparue l’année dernière à la fashion week de New York, et elle est actuellement en train d'écrire un livre.
L'association Make Love Not Scars, basée à New Delhi, aide les victimes à panser leurs plaies, tant au niveau physiques qu'émotionnelles, afin de leur permettre de prendre un nouveau départ dans la vie.
L'ONG avait déjà diffusé un clip puissant, qui reprenait les codes des tutoriels de maquillage des youtubeuses beauté, afin de sensibiliser sur la cause des femmes défigurées à l'acide.