Définitivement, la lutte contre le sexisme est loin d'avoir atteint son point de chute. Et lorsque l'on voit ce nouveau parc qui a pris racine à Puteaux, le doute n'est pas permis. D'un côté, un terrain de jeu rose et de l'autre un terrain de jeu bleu. Déconcertant tant le stéréotype véhiculé ici est facile.
MonPutaux.com / Christophe Grébert
Le sexisme et le marketing genré ont encore de beaux jours devant lui, au grand dam d'un grand nombre d'activistes qui se battent pour la pluralité des genres féminins et masculins. Depuis les années 70, c'est la même rengaine. On décore la chambre des garçons en bleu et la chambre des filles en rose. On dit aux petites filles qu'il faut jouer avec des poupées et apprendre à faire des bijoux et aux garçons qu'ils doivent jouer avec des voitures et apprendre à construire des maisons.
Et alors que l'envie de briser ces « règles » sociales était devenue un point prépondérant à la lutte pour l'égalité femmes hommes, à Puteaux, ce nouveau jardin pour enfants a été la source de questionnement. Le jardin, séparé en deux zones, dispose de deux aires de jeux. L'une est avec des jeux roses, et une fresque où il est dessiné une couronne et des baguettes magiques. L'autre dispose de jeux bleus et d'une fresque avec des chevaliers. Nous sommes en 2018 et nous sommes en Ile-de-France.
Comment l'expliquer ? Un élu et blogueur de la ville de Puteaux, Christophe Grébert, en opposition avec la politique de la ville, s'est confié à MadmoiZelle, après qu'il a signalé ce jardin, sur son blog et évoque le côté secret de ce jardin, qu'il déplore : « Au sujet de ce parc, baptisé Jardin Secret, ce qui lui va bien, il n’y a pas eu de communication, ni dans le journal municipal ni au conseil municipal, ce qui est inhabituel. De plus, il est protégé par un grand mur, et donc invisible depuis la rue. »
Des enfants intelligents mais dirigés par la pression sociale
Selon l'élu d'opposition, le bas âge des enfants qui viennent jouer dans ce parc, sauve la mise : « Heureusement, les enfants sont plus intelligents que les aménageurs de ce jardin sexiste : ils vont jouer indifféremment dans les 2 espaces. Les jours très ensoleillés, ils vont surtout du côté où il y a de l'ombre » écrit-il sur son blog. Mais il confie également son inquiétude à MadmoiZelle : « Comme je l’ai vu, je pense que les petits enfants s’en fichent, du rose et du bleu. Mais ça ne sera pas forcément le cas pour des plus grands. »
Et pourquoi le marketing genré fait toujours autant polémique ? Car, tout simplement, il véhicule des stéréotypes et forme des préjugés douloureux et parfois haineux qui enferment les enfants dans des cases dans lesquelles ils se sentent le plus souvent engoncés. Et s'ils en sortent, ils s'exposent alors à un jugement difficile à gérer lorsque l'on est enfant. Si une petite fille joue avec des voitures ou montre un intérêt pour le football, alors elle deviendra lesbienne.
De deux choses l'une : on enferme l'enfant dans des jeux qui ne le stimulent pas et on lui explique, implicitement, qu'être lesbienne comporte des risques. Et voilà comment on mêle homophobie et sexisme. Le principe est exactement le même du côté des garçons. S'ils aiment jouer à la dînette, alors, c'est évident, ils finiront homosexuels. Et du côté des habitants de Puteaux, la sauce ne semble pas prendre. Sur le blog de Christophe Grébert, on peut lire des avis tranchés : « Je ne vais pas emmener mes enfants là-bas » ou encore « honteux et rétrograde ».
On peut aussi y lire les interrogations à la vue de ce nouveau parc à savoir « pourquoi le toboggan bleu est-il plus long que le rose ? ». « Un bleu et un rose séparés par des barreaux. La personne qui a conçu ça savait pertinemment ce qu’elle cherchait à faire. Quand on ne veut pas voir quelque chose… C’est très inquiétant, qui a eu cette idée ? »
Concernant la mairie de Puteaux, contactée par le site Positivr, elle estime que cette polémique est « nauséabonde » et confie que « rien n’indique que les petits garçons doivent aller dans l’univers chevaleresque et les petites filles dans le féerique ». Sexisme volontaire ou non, à chacun de se faire son propre avis.