Après les révélations chocs de la patineuse artistique Sarah Abitbol concernant les violences sexuelles dont elle a été victime, des athlètes du Comité national olympique, dont Teddy Riner, unissent leurs voix contre les crimes sexuels dans le monde du sport dans une tribune poignante.
Trop c’est trop. L’ex championne de patinage artistique, Sarah Abitbol, dénonce dans son livre intitulé « Un si long silence », les attouchements sexuels de son entraîneur, Gilles Beyer, à son encontre, dans les années 90. Un témoignage douloureux et criant de vérité. En effet, les violences sexuelles dans le sport restent un sujet tabou et peu de sportifs osent en parler. Les membres de la Commission des athlètes de haut niveau du Comité national olympique et sportif français ont décidé de dire stop. De dire stop aux violences sexuelles passées trop souvent sous silence et stop à l’hypocrisie, souvent affiliée à l’univers sportif.
Sarah Abitbol. Crédit photo : AFP
« Nous souhaitons ainsi dire NON aux dirigeants »
Appuyés par de nombreux témoignages, les signataires de la tribune (publiée sur le site du Parisien) expriment leur colère : « Une fois dévoilée au grand jour, la vérité devient glaçante : le cas isolé devient multiple, les monstres omniprésents. Combien de victimes demeurent encore blotties dans la honte et la peur ? Combien auraient pu être évitées ? ».
Ils accusent l’inaction des dirigeants et entraîneurs qui étaient, pour la plupart, au courant de ce qu’il se passait : « Nous souhaitons ainsi dire NON aux dirigeants, il ne s'agit pas d'étouffer des faits pour protéger une organisation, pour préserver l'image d'un club ou d'une fédération. NON aux entraîneurs, il ne s'agit pas de détourner le regard pour protéger vos collègues ou préserver votre emploi. NON aux institutions, il ne s'agit pas d'éviter la surenchère médiatique pour ne pas écorner l'image du sport ». Une révélation qui fait froid dans le dos et qui démontre le pouvoir des sélectionneurs et des fédérations.
Roberto Castro
« Trop souvent, parler, c'est risquer son avenir »
Dans cette tribune, les athlètes s’octroient également une part de responsabilité et parlent de leur impuissance face aux institutions sportives : « Nous nous sentons aussi responsables car il nous est tous arrivé d'avoir des doutes, des suspicions,des bribes d'informations ». Le collectif dénonce aussi le chantage auquel sont soumis les athlètes : « Trop souvent, parler, c'est risquer son avenir. Alors, on rentre dans un système où même si l'on entend, on voit, on subit… on a pris l'habitude de se taire ». Aujourd’hui, ils sont prêts à dénoncer ouvertement ces abus sexuels et affichent un soutien sans faille aux victimes :
« OUI, nous, athlètes de haut niveau, souhaitons que les choses changent. OUI, nous avons la responsabilité que d'autres témoignages ne sortent pas dans vingt ans. OUI, les personnes impliquées qui ont laissé le mal se répandre doivent assumer leur inaction ». Les sportifs s’adressent également aux parents et les encouragent à communiquer avec leurs enfants victimes d’abus.
Le collectif souhaite également mettre en place une cellule d’écoute des victimes, indépendante des fédérations et tenue de respecter l’anonymat. Une procédure qui permettrait aux victimes de s’exprimer librement et sans crainte. Les athlètes proposent un encadrement plus strict concernant les casiers et les antécédents judiciaires des bénévoles, des entraîneurs et des dirigeants de clubs et de fédérations.
AFP / Reuters
Des sanctions à l'encontre des agresseurs
Les athlètes ambitionnent la révocation de tout individu impliqué dans une affaire sexuelle et espèrent « l'interdiction à vie d'exercer tout métier au contact de la jeunesse, quel que soit le domaine, pour tous les agresseurs et les prédateurs sexuels avérés ». Le collectif appuie sur le fait qu’il est nécessaire de mettre en place des formations de sensibilisation et de prévention « pour éduquer les enfants, les adolescents, entraîneurs et managers dans toutes les structures sportives ». Ils déclarent soutenir la position de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui a demandé lundi à Didier Gailhaguet, à la tête de la Fédération française des Sports de Glace, de quitter son poste après que celui-ci a conservé dans son équipe Gilles Beyer.
La tribune se termine sur ces mots : « Ne laissons pas le mur du silence se reconstruire ! », un message qui encourage la prise de parole, afin de faire savoir que les crimes sexuels ne doivent pas rester impunis.