Les singes pourraient subir une extinction massive d'ici 25 à 50 ans... L'état des lieux terrifiant d'une équipe de chercheurs internationaux laisse présager un avenir très sombre pour les primates

C'est une étude alarmante qui a été publiée dans la revue scientifique américaine Science Advances, ce mercredi 18 janvier : les singes sont en train de disparaître à une vitesse très inquiétante, et ils pourraient avoir totalement disparu de la surface de la Terre... d'ici 25 à 50 ans.

Selon cette étude, réalisée par trente et un primatologues internationaux, 60% des espèces de primates sont déjà en danger d’extinction en raison des activités humaines. 75% des populations seraient en train de décliner. Cette situation serait le résultat des pressions humaines grandissantes sur les primates et leur habitat. De plus, 4 espèces de grands singes sur 6 ne sont plus qu’à un pas de la disparition, selon la dernière mise à jour de l’UICN, rappellent nos confrères du journal Le Monde.

@ Andy Rouse — naturepl.com

La planète sans singes

C'est un état des lieux très inquiétant qui est dressé par une équipe internationale de primatologues : les primates non-humains disparaissent à petit feu, à un rythme inégalé. Si rien n'est fait, nous pourrions assister à une extinction de masse de nos plus proches cousins d'ici 25 à 50 ans !


L'enjeu est de taille. Les singes sont des animaux emblématiques, d'une importance fondamentale : ils sont non seulement des piliers cruciaux d'un bon nombre d'écosystèmes complexes, permettant aux forêts tropicales de se maintenir et de se régénérer, notamment en dispersant les graines... mais ils  jouent également un rôle majeur dans les modes de vies, les cultures et les croyances religieuses de bon nombre de sociétés humaines. Plus grave encore, les grands singes font partie des animaux les plus évolués de la planète : leur caractère social est similaire au nôtre sous bien des aspects, ce qui en fait donc des êtres singuliers et fascinants, qui tendent une sorte de miroir à notre propre espèce et dont bien des caractéristiques attendent encore d'être découvertes ou expliquées par les chercheurs. Les voir disparaître à tout jamais serait une véritable catastrophe, sous bien des aspects.

L'étude, la plus vaste conduite à ce jour sur ce sujet, a été dirigée par Alejandro Estrada, chercheur primatologue à l'Université nationale autonome du Mexique. Aidé de ses collègues, il a tenté d'effectuer une analyse d'ensemble du statut global des 504 espèces de primates non-humains existantes. Cet état des lieux général prend en compte les menaces qui pèsent sur l'ensemble de ces animaux, ainsi que les efforts de conservation qui sont faits pour tenter de faire tampon. Malheureusement, le constat est sans appel : ce n'est pas assez, et de loin.

Sur la carte suivante, on voit bien la répartition des primates par pays — Partout, les vies de ces animaux sont en danger : 87 % des espèces de Madagascar sont gravement en danger, 73 % en Asie, 37 % en Afrique subsaharienne et 36 % en Amérique latine.
Données : Science Advances / Capture d'écran et traduction : Le Monde



En cause, des menaces multiples, dont le poids n’a cessé de s’accroître au fil des années, et qui souvent s’additionnent. Les habitats des singes disparaissent ainsi sous la pression de l’agriculture (qui affecte 76 % des espèces), de l’exploitation forestière (60 %), de l’élevage (31 %), de la construction routière et ferroviaire, des forages pétroliers et gaziers et de l’exploitation minière (de 2 % à 13 %). De plus, la chasse et le braconnage touchent directement 60 % des espèces. A quoi il faut encore ajouter des périls émergents, tels que la pollution et le changement climatique.

« C'est encore plus grave que nous ne l'imaginions  »

La cause de l'accroissement de ces menaces serait la demande exponentielle de produits agricoles (viande, soja, caoutchouc, canne à sucre, riz, palmier à huile...) qui poussent à l'accroissement des surfaces de culture au prix de la destruction de milliers d'hectares de forêts primaires

« Nous alertons sur la situation des singes depuis des années, mais elle est bien plus grave que nous ne l’imaginions, déplore Russell A. Mittermeier, co-auteur de l'étude cité par le Monde. Pourtant, des efforts de conservation ont été réalisés de longue date : grâce à eux, l’ordre des primates n’a connu aucune extinction au cours du XXe siècle. Mais ces actions sont aujourd’hui insuffisantes. »


Quelles solutions, alors, pour tenter d'endiguer le phénomène et que la triste augure ne devienne pas réalité ? Peut-on éviter de laisser à nos enfants un monde sans singes ?

Heureusement, les chercheurs proposent quelques mesures qui, si elles sont prises suffisamment tôt, pourraient bien sauver nos amis primates, tout en prenant en compte les besoins sociaux et humains : associer les populations locales à la gestion des forêts, lutter contre la pauvreté (qui est souvent la cause indirecte du trafic ou du braconnage), mettre en place de vastes programmes de reforestation, et limiter la croissance démographique.

Développer l'écotourisme autour des primates afin de transformer la préservation de ces animaux en source de revenus et moyen de subsistance pour les populations, construire des économies locales basées sur la préservation du milieu forestier... autant de pistes à suivre pour faire de ces forêts tropicales des sanctuaires dans lesquels les hommes pourront vivre en collaboration avec le milieu ambiant.
Source : Science Advances
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