Avec un entraînement suffisant, la plupart des humains peuvent apprendre à écholocaliser, c'est-à-dire à utiliser leur langue pour émettre des sons et à interpréter les échos qui reviennent, réfléchis par le milieu environnant.
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En seulement 10 semaines, les chercheurs ont pu apprendre à des participants à franchir des obstacles et à reconnaître la taille et l'orientation d'objets à l'aide des échos de leurs propres bruits. L'expérience a porté sur 12 participants qui avaient été diagnostiqués comme légalement aveugles dans leur enfance et sur 14 personnes voyantes.
L'écholocation ou l’écholocalisation, est une aptitude que nous associons généralement à des animaux tels que les chauves-souris et les baleines, mais certains aveugles humains utilisent également leurs échos pour détecter les obstacles et leurs contours. Certains utilisent le tapotement d'une canne ou le claquement de leurs doigts pour produire le bruit nécessaire, tandis que d'autres utilisent leur bouche pour produire un son.
Malgré la très grande utilité de cette compétence, très peu de personnes aveugles sont actuellement formées à cette technique. Les écholocateurs experts tentent de faire passer le message depuis des années, et cette nouvelle étude sur le sujet suggère qu'un simple programme d'entraînement suffirait à la plupart d’entre nous pour maîtriser la technique. « Je ne connais pas d'autres travaux réalisés avec des participants aveugles qui aient reçu un accueil aussi enthousiaste » déclare le psychologue Lore Thaler, de l'université de Durham, au Royaume-Uni.
Au cours de 20 séances d'entraînement, qui duraient environ 2 à 3 heures, les chercheurs ont constaté que les participants aveugles et voyants, jeunes et vieux, s'étaient tous considérablement améliorés en matière d'écholocation. Pendant des semaines, les participants ont été entraînés à parcourir des labyrinthes virtuels (couloirs en T, en U et en zigzag) et à identifier la taille et l'orientation des potentiels objets à l'aide de bruits buccaux.
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Lors des deux dernières sessions, les participants ont testé leurs nouvelles capacités de navigation dans un parcours virtuel qu'ils n'avaient jamais abordé auparavant. Et même sans compter sur la vue, dans cet environnement inconnu, les collisions étaient bien moins nombreuses qu'au début du programme.
Les scientifiques sont donc arrivés à la conclusion suivante : les échos de leurs propres sons ont aidé les personnes à naviguer dans le labyrinthe avec plus de facilité qu'auparavant. Mieux encore, ils ont constaté que ces écholocateurs nouvellement formés ont obtenu des résultats presque aussi bons dans le labyrinthe que sept écholocateurs experts, qui utilisaient cette compétence depuis des années. Lors de tests supplémentaires visant à déterminer la forme et l'orientation de certaines surfaces, les participants à l'étude ont obtenu les mêmes résultats que les experts.
L’âge n’a pas d’impact sur la capacité à écholocaliser
Des études antérieures ont également montré que les personnes voyantes peuvent apprendre l'écholocalisation par sonorité au cours d'une série de séances d'entraînement, mais cette étude est la première à vérifier si les résultats s'appliquent également aux aveugles et aux personnes d'âges différents. Pour « voir » le monde qui les entoure, les écholocateurs utilisent les capacités des parties du cerveau habituellement liées à la vision. Et jusqu'à présent, on ignorait si les personnes qui grandissent sans la vue pouvaient utiliser les mêmes réseaux neuronaux au même degré.
De plus, de nombreuses personnes perdent la vue et l'ouïe en vieillissant. Cela peut rendre l'apprentissage de nouvelles compétences plus difficile à mesure que l'on vieillit, mais la nouvelle recherche suggère que ce n'est pas un facteur limitant dans l'apprentissage de l'écholocation. Dans l'étude, des aveugles âgés de 79 ans étaient capables d'acquérir cette compétence avec un entraînement adéquat. En analysant les résultats, les chercheurs ont constaté que l'âge avancé n'était pas lié à un plus grand nombre de collisions dans le labyrinthe.
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« Il est important de noter que lorsque nous avons quantifié le degré d'amélioration des capacités des participants entre la session 1 et la session 20 pour chacune des tâches, aucune donnée ne prouvait l'existence d'une corrélation entre l'âge et les performances. L’entraînement a engendré des changements comportementaux remarquables chez tous les participants, quel que soit leur âge » peut-on lire dans l’étude.
Trois mois après la fin des séances d'entraînement, les participants aveugles ont déclaré avoir constaté une amélioration de leur mobilité grâce à l'écholocation. Dans une enquête de suivi, 10 des 12 participants ont déclaré que cette compétence avait été bénéfique pour leur indépendance et leur bien-être.
Impressionnant n’est-ce pas ?