Et si vous découvriez une toute nouvelle façon d'apprécier l'Art ? À Paris, l'Atelier des Lumières vous invite à pénétrer au cœur même des tableaux ! Dans ce tout nouveau lieu d'exposition qui a déjà toutes les clés pour devenir un incontournable du paysage culturel parisien, les visiteurs sont amenés à s'embarquer pour une véritable expédition immersive et sensorielle à 360°. Une expérience intense qui s'adresse à tous — que l'on soit féru de peinture ou simple profane.
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Après le succès des Carrières de Lumières des Baux-de-Provence, lieu magique réhabilitant d'anciennes carrières de pierre au cœur du parc naturel régional des Alpilles, la société Culturespaces, pionnière française des expositions numériques, a décidé de renouveler l'expérience — et cette fois, c'est dans la capitale que ça se passe.
Si la beauté minérale et les volumes bruts de la carrière provençale ont fait place au charme industriel et aux aspérités métalliques d'une ancienne fonderie parisienne du XIXe siècle, la volonté de replacer le visiteur au centre de l'œuvre, elle, est bel et bien toujours présente, pour notre plus grand bonheur.
En effet, bien que ces espaces imposants à la géométrie parfaite puissent sembler quelque peu austères au premier abord, ce n'est qu'avant de voir les murs se parer de la chaleur de milles couleurs, et des formes ondulatoires mouvantes, qui transforment littéralement le lieu et le rendent méconnaissable !
Nathan Weber / Demotivateur® Culturespaces / E. Spiller
L'antique fonderie du 11e arrondissement parisien, abandonnée pendant plusieurs années, a aujourd'hui été entièrement réhabilitée pour donner naissance à l'Atelier des Lumières. Après de gros travaux, le bâtiment industriel tombant en ruines a été converti en centre d'expositions numériques immersives high-tech, qui a ouvert ses portes au public ce vendredi 13 avril. Et pour inaugurer ce nouveau lieu, c'est une exposition numérique mettant à l'honneur les œuvres du peintre viennois Gustav Klimt qui a été choisi.
Les tableaux de Klimt, qui ont par ailleurs déjà été présentés avec un franc succès en 2014 dans les carrières des Baux-de-Provence, se prêtent à la perfection à cette manière d'exposer l'art : fourmillant de détails, composés d'un patchwork de motifs récurrents, ils viennent envelopper le visiteur dans un cortège de figures sans cesse changeantes.
L'occasion de découvrir, de faire découvrir, ou de redécouvrir les œuvres du peintre autrichien, figure de proue de la sécession viennoise. Enfanté par le bouillonnement artistique et le foisonnement des idées nouvelles qui caractérise la fin du XIXeme siècle en Europe, ce courant, qui marque un point de rupture avec le néo-classicisme, se veut celui du renouveau et a notamment ouvert la voie vers la peinture moderne.
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" L'exposition est très différente de celle qui se trouve aux Baux-de-Provence. Il s'agit d'un nouvel espace, ce qui change tout, puisque nous travaillons essentiellement à partir de l'architecture, qui est à la fois un support, notre première contrainte, mais également notre première source d'inspiration," lance Gianfranco Iannuzzi, co-réalisateur de l'exposition. " Tout notre travail consiste en effet à s'adapter au lieu, d'y pénétrer, de dialoguer avec lui. "
Et la magie s'opère, effectivement, par le mariage subtil de l'espace et de l'œuvre, qui fusionnent grâce au travail conjugué des trois réalisateurs : Gianfranco Iannuzzi, donc, mais aussi Renato Gatto et Massimiliano Siccardi. Véritable liant de cette union sacrée entre peinture et architecture, la musique, omniprésente, est orchestrée par le compositeur Luca Longobardi.
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Sur le plan technique, tout cela fonctionne grâce à la technologie AMIEX (Art & Music Immersive Experience) mise au point par Culturespaces. " En tout, vous avez 140 vidéo-projecteurs, ce qui fait de l'Atelier des Lumières la plus grosse installation de ce genre au monde ", indique Michael Couzigou, le directeur des lieux, avec une certaine fierté. Grâce à cet ensemble de projecteurs spécialement calibrés afin de couvrir jusqu'au moindre recoin, l'image vient épouser toutes les formes de l'ancienne fonderie.
Du sol en passant par les murs, les projections ne présentent pratiquement aucune discontinuité et donnent l'impression d'évoluer dans un immense tableau, en perpétuel mouvement. Happé par les formes, dévoré par cette œuvre monumentale, c'est dans un monde à part, presque étouffant, que l'on pénètre.
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Mais en coulisses, ce ne sont pas moins d'une trentaine de serveurs qui bourdonnent, afin de gérer toutes les précieuses données numériques nécessaires au bon fonctionnement de ce gigantesque tableau mouvant de plus de 3300 mètres carrés. Insousciant de toute cette machinerie, le visiteur, lui, peut flâner à l'envi à travers une effusion de couleurs et de sons.
Touche de piano après touche de peinture, l'univers se construit, prend forme autour de nous. Valses et concertos nous plongent dans l'ambiance feutrée de la Vienne impériale. Johann Strauss, Beethoven, Chopin, ou encore Wagner seront vos compagnons de route pour cette promenade sensorielle.
La musique, pour Gianfranco Iannuzzi, c'est justement une composante fondamentale de l'exposition. " En fonction de ce que l'on entend, on ne voit pas la même chose. La même image, avec une musique rock ou classique, vous ne la voyez pas pareil. Parce que nos cerveaux mélangent les choses, qu'une synesthésie s'accomplit, et que la musique constitue aussi un élément d'interprétation. " D'où l'importance du travail de composition de Luca Longobardi, qui travaille en étroite collaboration avec les trois réalisateurs.
Désintellectualiser la culture
Habitués de galeries d'art et de musées, soyez prévenus ! Ici, pas de panneau explicatif, pas de sens de visite, pas de guide, pas de parcours fléché : l'idée, c'est vraiment d'abord de vivre une expérience artistique, sensorielle, éphémère et libre. D'apprécier l'art par les sens, sans l'intellectualiser. Pour les indécrottables qui ont vraiment besoin de lire et de comprendre, seules quelques pancartes sont situées tout au bout d'une salle, dans une petite alcôve cachée.
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Gianfranco Iannuzzi, lui, en est absolument convaincu : la meilleure façon d'apprécier son exposition, c'est de tout simplement se laisser porter, et de l'apprécier comme on le sent. Il conseille aux visiteurs de ne pas hésiter à se déplacer, à interagir, et de ne pas simplement rester assis.
" Que ce soit quand on regarde la télé, mais aussi quand on va au cinéma, au théâtre, a un concert, on est toujours assis devant quelque chose, dans une posture un peu passive. La scène se trouve face à nous, on s'installe, on fait silence, on se tait, on écoute, et on reçoit. Là, c'est exactement le contraire : le public est invité à se déplacer librement, à discuter, à s'approprier l'espace. "
Enfants qui courent, couples qui valsent
Le réalisateur n'a pas, bien entendu, la prétention de remplacer les musées et les expositions classiques : il s'agit bien, selon lui, d'une expérience totalement différente, éventuellement complémentaire. " On offre la possibilité d'être 'au milieu' de l'œuvre et pas 'devant' un tableau, de le vivre de façon extrêmement libre et sociale : résultat, vous avez des enfants jouent, qui courent sur les images projetées au sol et sur les murs ! Dans un musée classique, au contraire, on crée une certaine distance avec l'œuvre : si vous vous approchez un peu trop du tableau, vous avez une alarme qui sonne. "
Nathan Weber / Demotivateur
Pour inviter le public à se déplacer, Gianfranco Iannuzzi et ses collaborateurs ont pris le parti de ne pas installer du tout de chaise. Amusant, lorsqu'on observe les premiers visiteurs lors de l'inauguration parisienne de ce concept : dans le public, de nombreuses personnes, sans doute peu habituées à ce genre de disposition, préfèrent malgré tout s'asseoir... au sol. Et, même s'il n'y a pas de gardien de musée prêt à leur taper sur les doigts s'ils viennent à les aventurer trop près des œuvres, certains semblent un peu hésitants, n'osant pas trop s'approcher des murs ou les toucher avec autre chose qu'avec les yeux.
" C'est parce qu'on est mal élevés ", s'amuse cet ancien professeur de sociologie, qui aspire à décloisonner l'art." Dans les musées, on vous dit de chuchoter, il faut se conduire d'une certaine manière... Chez moi, c'est le contraire : quand je vois les enfants qui courent, et qui touchent les images, qui jouent quand les images tournent, des couples qui, tout à coup, se mettent à danser dans la salle au son d'une valse... je trouve ça génial ! C'est ça, justement, le but de l'art immersif. "
Et le réalisateur de poursuivre :" C'est précisément le genre de réaction que nous recherchons, le genre de choses que l'on essaye de faire vivre au public. Il s'agit d'une émotion, d'une relation personnelle, que chacun est néanmoins libre de vivre à sa façon."
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Une expérience artistique qui s'adresse à tous les publics
Au-delà de l'expérience sensorielle procurée, et outre le fait de proposer un nouveau support pour découvrir de manière interactive l'univers artistique d'un peintre, l'Atelier des Lumières recherche aussi une certaine universalité dans les publics visés. En désintellectualisant l'art, ces expositions immersives le rendent du même coup plus accessible et plus attractif — permettant dans la foulée de toucher, d'intéresser de nouveaux publics.
" Il y a différents niveaux de lecture, affirme Gianfranco Iannuzzi. Un enfant, par exemple, ne se préoccupera pas instinctivement de savoir la date d'un tableau, le nom de son auteur. Il reçoit d'abord des couleurs, des images, des sons, et c'est, à mon avis, la forme la plus " pure " de recevoir l'art. "
Mais, même au sein des publics adultes, l'exposition est susceptible d'intéresser de manière très différente les visiteurs, qu'ils soient passionnés d'art ou non, fins connaisseurs ou pas. " Une personne qui ne connaît pas Klimt, par exemple, pourra découvrir cet artiste à travers l'exposition immersive, puis éventuellement avoir envie de découvrir les tableaux originaux à Vienne. Mais à l'opposé, on peut avoir un public d'experts, des gens qui connaissent très bien Klimt, mais qui vont découvrir ici des détails qu'ils n'ont jamais vus auparavant. "
Et pour cause : c'est une chose de voir un tableau de Klimt en cinquante centimètres sur cinquante, mais c'en est une autre de pouvoir voir un minuscule détail qui est dans le coin d'un tableau, agrandi des centaines de fois en très haute résolution.
" Par exemple, il y a un petit détail fabuleux de ce tableau qui s'appelle l'Espoir [1907–1908] qui mesure à peine quelques centimètres. Eh bien nous l'avons agrandi sur 3 000 mètres carrés, jubile le réalisateur. Il s'agit d'une petite voile de bateau : si vous cherchez ce détail dans Klimt, vous ne le trouverez jamais, et pourtant, il y est ! "
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Quand l'exposition devient œuvre d'art à part entière
Si l'exposition présentée à l'Atelier des Lumières présente effectivement des détails, des tableaux, des fragments d'œuvres, il s'agit surtout d'un immense ensemble en perpétuel mouvement, sorte de collage, de patchwork numérique qui rend malgré tout un hommage fidèle à l'artiste.
" Je ne me contente pas d'afficher les tableaux : je veux raconter une histoire, élabore Gianfranco Iannuzzi. Je prends l'œuvre, je la déstructure, je l'étale autour du public, jusque sous ses pieds, et je lui demande de s'en emparer!"
Justement, en déstructurant les peintures, un champ très large est laissé à l'interprétation des réalisateurs, qui retravaillent et revisitent les œuvres à leur manière, et qui construisent quelque chose de neuf. Ainsi, en se rendant dans une telle exposition immersive, on ne voit pas simplement Klimt, on vient également découvrir une façon différente d'apprécier l'artiste. " [Les publics] ne viennent pas pour voir les tableaux à proprement parler, mais surtout vivre une véritable expérience. [...] À chacun de trouver son parcours, et le contenu qu'il veut découvrir. "
Nathan Weber / Demotivateur
À l'intérieur d'une ancienne cuve en béton de la fonderie, des dispositifs numériques permettent au public d'interagir avec les œuvres
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Dans cette salle couverte de miroirs, les motifs se répètent en une mosaïque infinie
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Seule une petite alcôve, nichée dans un recoin obscur de l'exposition, permet d'accéder à des panneaux explicatifs. Dénuement et lumière crue.
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Vous n'arriverez probablement pas à retrouver ce motif, agrandi et répété des dizaines de fois sur les murs, dans l'œuvre de Klimt. Il s'agit en réalité d'un minuscule détail, présent sur la robe d'une femme dans l'un de ses tableaux.
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Parfois, l'exposition nous transporte dans des endroits fantastiques. Ici, on croirait déambuler au milieu d'une ville imaginaire.
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Que ce soit sur les murs ou sur le sol, l'œuvre nous englobe totalement. À nos pieds, on croirait parfois marcher sur de la moquette...
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Lorsque la lumière disparaît, la magie s'efface tout à coup, et le lieu recouvre sa véritable nature.
Nathan Weber / Demotivateur