Ce n’est un secret pour personne : les salariés japonais sont soumis à une pression énorme et à un rythme de travail effréné. Mais les images que vous allez voir vont sans doute heurter votre sensibilité d’occidental. Elles montrent des hommes d’affaires de Tokyo tellement exténués par leur journée de travail qu’ils s’endorment en pleine rue, tombant de fatigue.
Il faut dire qu’au pays du Soleil-Levant, il n’est presque normal d’effectuer des semaines de plus de 60 heures où les tâches demandées peuvent se terminer très tard dans la nuit. Si cette culture du travail à outrance est très vieille et très installée au Japon, tous les spécialistes du secteur de l’emploi s’accordent pour dire qu’elle s’est très clairement accentuée suite à la Seconde Guerre mondiale, mais surtout depuis la mondialisation et l’arrivée globale du capitalisme.
À l’après-guerre, le premier ministre Shigeru Yoshida avait imprimé cette doctrine en encourageant les sociétés à récompenser les longues heures de travail dans le but de relancer l’économie. C’est ainsi que ces scènes presque impensables en France et en Occident, où l’on voit des employés tomber de fatigue en pleine rue, sont devenues socialement acceptables, notamment à Tokyo, poumon économique du pays.
Un impact important sur la santé publique
Et les conséquences de ce rythme de vie sans pause des citoyens se ressentent clairement dans les chiffres de santé. Ces dernières années par exemple, le pays a été confronté à une augmentation des insuffisances cardiaques dues au manque de repos et de sommeil mais également une recrudescence des suicides ou encore de décès par épuisement.
En 2013, une journaliste de la télévision publique japonaise NHK était morte d'épuisement après 159 heures supplémentaires en un mois. Aujourd’hui, les gouvernements et les autorités sanitaires locales tentent d’agir pour changer les mentalités sur le sujet du rapport au travail. Ces dernières années, les élus ont commencé à faire des efforts pour encourager les salariés japonais à prendre des congés, un geste généralement assez mal vu jusqu’ici.
Afin d’illustrer ce fléau dont très peu parlent, le photographe polonais Pawel Jaszczuk a sillonné les rues de la capitale nippone sur son vélo pendant plusieurs semaines. Et les images qu’il en rapporte sont tout simplement hallucinantes. Ces dernières ont été prises entre 2008 et 2010 et publiées en 2018 dans un livre intitulé « HIGH FASHION ».
Elles montrent des travailleurs en costume en train de dormir sur l’espace public, parfois mêmes en plein milieu du trottoir. Question sécurité, Pawel, qui a vécu sur place pendant plusieurs années, rappelle que « les vols sont très rares et on se sent en sécurité. » Et il ajoute : « n’importe où ailleurs, dormir dans la rue serait inacceptable et dangereux, mais Tokyo est une autre planète. Les règles sont complètement hors du commun ».
Voici ses photos :
Crédit : Pawel Jaszczuk
Crédit : Pawel Jaszczuk
Crédit : Pawel Jaszczuk
Crédit : Pawel Jaszczuk
Crédit : Pawel Jaszczuk
Crédit : Pawel Jaszczuk
Crédit : Pawel Jaszczuk
Crédit : Pawel Jaszczuk
Crédit : Pawel Jaszczuk
Étonnant n’est-ce pas ? Qu’en pensez-vous ?