Quelques jours après la mise en ligne d’une vidéo montrant une agression sexuelle face à laquelle personne ne réagissait, les femmes lèvent la voix pour dénoncer une situation bien trop ignorée par un gouvernement qui peine à faire avancer le droit de la femme.
L’événement partagé sur Facebook annonçait la venue de 5000 manifestants ce mercredi 23 août et pourtant sur la place des Nations-Unies à Casablanca, 200 personnes, femmes et hommes, seulement se sont déplacées.
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Au même moment, d’autres manifestations ont eu lieu à Rabat, Marrakech, Agadir et Tanger, tous organisés par un collectif de militantes féministes.
Une jeune fille présente sur la place, Reda, confie au site Le Monde sa déception : « C’est dommage de constater que dans une ville de 4 millions d’habitants, à peine 200 personnes sont venues défendre la cause des femmes ».
Crédit photo : AFP
Aujourd’hui c’est une véritable rupture qui subsiste au Maroc. Entre modernité et conservatisme, la société se divise en deux entre ceux qui sont tolérants et ceux qui légitiment les violences faites aux femmes.
Même si la vidéo a eu l’effet d’une bombe, beaucoup d’internautes ont tenu des propos choquants envers la victime de l’agression prétextant qu’elle connaissait ses bourreaux ou encore qu’elle n’était pas habillée de manière adéquate.
Les réactions de certains membres du gouvernement ont également échauffé les esprits. Bassima Hakkaoui, la Ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, n’a réagi que deux jours après la publication de la vidéo.
Crédit photo : Dom Guégan Bochel
Quant au ministre chargé des droits de l’homme, Mustapha Ramid, il a déclaré que “le harcèlement sexuel existait partout dans le monde”. Une déclaration qui n’est pas du tout au goût des activistes qui déplore une situation qui stagne.
Pour ces femmes, sortir est devenu un véritable calvaire, dans la rue ou dans les transports, elles subissent aux yeux de tous sans que personne ne les défende.
Par peur des agressions, certaines décident même de mettre le voile sans grand succès.
Actuellement, la loi marocaine ne reconnaît l’agression sexuelle que dans le cadre du travail mais pas dans les espaces publics. Rappelons qu'en 2013, un projet de loi contre les violences faites aux femmes avait été proposé et reste toujours dans l'attente d'une décision au Parlement.