Alors que la force Sangaris de l'armée française avait été déployée en 2013 en Centrafrique, qui se trouvait dans une période de chaos faisant suite à des violences entre rebelles musulmans, des soldats français avaient été accusés de viols sur enfants. Aujourd'hui, le non-lieu a été prononcé par le juge d'instruction.
Une décision qui secoue. Alors que trois dossiers ont été ouverts en France, l'un des trois avait déjà été classé sans suite. « Un fait d'autant plus surprenant qu’il y a un enfant né entre cette jeune fille mineure et le soldat. Mais on n’a pas jugé utile de faire un prélèvement ADN sur l’enfant » confiait à StreetPress Justine Brabant, l'une des journalistes à l'initiative du livre « Impunité Zéro » qui a investigué sur les violences sexuelles en temps de guerre. Et alors que la plus grosse affaire de viol en tant de guerre par des soldats français avait été ouverte, rendant compte des déclarations de 40 enfants qui ont affirmé avoir été agressés sexuellement par des militaires français, aucune mise en examen n'a été observée.
En avril 2015, c'est le quotidien britannique The Guardian qui a révélé qu’à l'intérieur du camp de réfugiés de M'Poko, à Bangui, des enfants auraient été victimes de violences sexuelles par ceux qui étaient censés assurer leur protection. Des accusations qui avaient très largement terni la réputation de l'armée française.
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Mais malgré une enquête préliminaire (tenue secrète) à l'initiative du parquet de Paris qui avait été saisi par le ministère de la Défense, aujourd'hui, la décision a été rendue et elle risque de déclencher une avalanche de réactions et de protestations du côté des associations qui luttent contre l'exploitation sexuelle des enfants. En effet, les juges d'instruction, conformément aux réquisitions du parquet, ont ordonné un non-lieu mettant hors de cause une dizaine de soldats, faute d'avoir pu établir leur implication.
Selon le parquet, « il ne peut être affirmé à l'issue de l'information qu'aucun abus sexuel n'a été commis », mais il estimait que les « incohérences matérielles » et « la variation des témoignages » ne « permettaient pas d'établir des faits circonstanciés et étayés à l'encontre des militaires ».
Pour Emmanuel Daoud, l'avocat de l'ONG Ecpa, qui lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants, la décision de faire appel au verdict du parquet est une évidence. « Il est vraisemblable que nous allons faire appel pour ne pas donner le sentiment, à celles et ceux qui se sont battus dès le départ, que l'affaire est terminée et que nous renoncerions à identifier les auteurs des infractions et à établir les responsabilités et les culpabilités ».