Le Président du Costa Rica, Carlos Alvarado, s'est vu confier ses fonctions le 8 mai dernier et a déjà largement enclenché la vitesse supérieure. Le chef d'État de 38 ans a fait part de ses projets pour ce pays démocratique d'Amérique centrale, notamment en matière de protection de l'environnement. L'objectif est ambitieux : réduire l'empreinte carbone de l'économie et faire sortir le Costa Rica des énergies fossiles. Une première mondiale.
Carlos Alvarado a été élu Président du Costa Rica le 1er avril 2018. Crédits : Twitter Carlos Alavarado Q.
Carlos Alvarado (centre gauche), fraîchement élu Président du Costa Rica (le 1er avril 2018), voit grand pour la nation. Lors de sa prise de fonctions le 8 mai dernier, cet ancien journaliste, écrivain et politologue de 38 ans a annoncé la couleur : l'accent sera mis sur les thématiques environnementales lors de son mandat de quatre ans.
L'ancien ministre du Travail et des Affaires sociales dans le gouvernement sortant s'est ainsi engagé à réduire l'empreinte carbone de ce pays aux cinq millions d'habitants et à s'affranchir des énergies fossiles, qui sont produites par la combustion du charbon, du pétrole ou du gaz naturel et ne sont alors plus renouvelables.
« Nous avons la tâche titanesque et magnifique de supprimer l'utilisation des énergies fossiles dans notre économie pour laisser la place à l'utilisation d'énergies propres et renouvelables », a-t-il soutenu dans son discours d'investiture, qu'il a ensuite relayé sur son compte Twitter.
No solo tenemos que mejorar la gestión de nuestros parques nacionales y el balance ambiental y humano en las zonas protegidas, sino que tenemos la tarea titánica y hermosa de abolir el uso de combustibles fósiles en nuestra economía.
— Carlos Alvarado Q. (@CarlosAlvQ) 8 mai 2018
La « décarbonisation » (l'ensemble des mesures qui visent à réduire la teneur en carbone, plus spécifiquement en CO2, des énergies, voire d'une économie entière) est la « grande tâche de notre génération et le Costa Rica doit figurer parmi les premiers pays à y arriver, si ce n'est le premier », a-t-il poursuivi.
La descarbonización es la gran tarea de nuestra generación, y Costa Rica debe estar entre los primeros países del mundo que lo logra, sino el primero.
— Carlos Alvarado Q. (@CarlosAlvQ) 8 mai 2018
Ce président 2.0 en phase avec l'ère digitale s'est fixé un objectif : que d'ici la conférence mondiale sur le changement climatique de 2020, le Costa Rica devienne un « laboratoire mondial de la décarbonisation ».
Para la COP 26 del año 2020, así como de cara al Bicentenario, Costa Rica deberá estar ya liderando los acuerdos de París en materia de cambio climático, siendo el laboratorio mundial de descarbonización.
— Carlos Alvarado Q. (@CarlosAlvQ) 8 mai 2018
Dans son discours d'investiture, le plus jeune chef d’État du continent a également annoncé les grands axes de son mandat : l'éducation, la sécurité, la santé et bien entendu, la protection de l'environnement, figurent ainsi parmi ses chantiers prioritaires. Ce dernier a d'ailleurs tenu à marquer de façon symbolique son engagement pour l'écologie et les transports « propres » en arrivant à bord d'un bus à hydrogène (ou électrique) à la cérémonie de passation de pouvoir.
En materia ambiental, para el Bicentenario tenemos el deber ético de liderar en el mundo, como lo hemos hecho en el pasado. Debemos ser ágiles e innovadores. Estamos llamados a resguardar los ecosistemas y proteger la biodiversidad.
— Carlos Alvarado Q. (@CarlosAlvQ) 8 mai 2018
La « démocratie verte »
Ce petit pays d'Amérique centrale surnommé la « démocratie verte » est déjà réputé pour son côté responsable. Entre janvier et octobre 2015, le Costa Rica pouvait se targuer d’avoir consommé une électricité « verte » à hauteur de 98,7 % de la consommation globale, dont 100 % durant 285 jours.
Certains sont toutefois dubitatifs face aux promesses de Carlos Alvarado. Pour Jose Daniel Lara, un chercheur Costaricain à Berkeley (Californie), estime qu'il est « irréaliste » de vouloir totalement éliminer les énergies fossiles en quelques années seulement, rapporte The Independent.
D'autres sont en revanche plus optimistes. L'économiste Monica Araya pense en effet que s'affranchir des combustibles fossiles est « une grande idée qui émane d'un petit pays » qui pourrait être « soutenue à l'international avec l'émergence des nouvelles technologies », toujours selon le quotidien britannique.
En parallèle, de nombreux autres défis attendent le jeune président. L'année 2017 fut notamment marquée par le déficit fiscal le plus élevé en trente ans, soit 6,2 % du PIB national, et le taux de criminalité due au trafic de drogues dans les pays voisins (Panama et Nicaragua) est en hausse.