Au collège Pierre Mendès France, à Paris, les punitions attribuées aux élèves dissipés sont plutôt originales. Il s'agit de corvées de jardinage destinées à limiter le décrochage scolaire tout en sensibilisant les jeunes à la nature et au goût de l'effort. Résultat : les élèves en redemandent et certains ont même trouvé leur vocation.
Blablabla. Crédits : Veni Verdi
Dans le collège parisien Pierre Mendès France, les élèves écopent de « punitions »... qui n'en sont pas vraiment. Depuis trois ans, cet établissement situé dans le 20e arrondissement expérimente une solution innovante pour limiter le décrochage scolaire : attribuer des travaux de jardinage au lieu des traditionnelles heures de colle et autres sanctions, relaye Le Figaro.
Un problème de discipline ? L'enfant est envoyé labourer la terre ou cultiver des légumes, après accord des parents et en dehors du temps scolaire. Objectif : remettre dans le droit chemin les élèves en leur donnant des « corrections » qui ont du sens.
Les collégiens bénéficient de 4 500 m2 d'espaces verts qui ont été convertis en ferme urbaine. On y trouve un potager, 200 arbres fruitiers, une mare, et même un poulailler. Largement de quoi occuper les 700 élèves de ce collège classé en « Réseau d'éducation prioritaire » (REP) qui accueille des enfants en difficultés, sociales et scolaires notamment.
L'établissement a mis en place ces « mesures de responsabilisation » avec l'association Veni Verdi, dont l'objectif est de créer des jardins en milieu urbain. Cette dernière assure l'entretien de la gigantesque exploitation agricole, avec l'aide régulière des jeunes. Les corvées sont personnalisées en fonction du comportement de l'élève : s'il a besoin de se défouler, il pourra par exemple déplacer de la terre. Et s'il doit plutôt se concentrer, il sera orienté vers la plantation.
Une initiative efficace
Cette initiative audacieuse semble porter ses fruits : « Au total, une trentaine d'élèves a pu être rattrapée », estime la principale adjointe du collège, Nathalie Couégnas. Les petites mains jardinières découvrent les activités manuelles, développent le goût de l'effort, et se sensibilisent à la nature et à l'environnement. Les jeunes parfois en décrochage scolaire ou issus de milieux défavorisés retrouvent également le plaisir d'apprendre. C'est aussi le moyen de mettre au vert ces enfants qui quittent rarement la ville, ou simplement de leur offrir un moment de quiétude.
Les principaux intéressés sont conquis. Preuve en est, après avoir été contraints, « certains reviennent… par plaisir », s'enthousiasme Simon Ronceray, co-responsable de la ferme pédagogique. Une quarantaine d'enfants se porte même volontaire plusieurs fois par semaine pour entretenir les jardins et s'occuper des poules, toujours en dehors des temps de scolarité. Encore mieux, cette exploitation urbaine a fait naître des vocations : quelques-uns envisagent de devenir paysagistes ou maraîchers.
L'idée séduit jusqu'au gouvernement : en octobre 2017, le collège a ainsi reçu la visite de Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer, et de Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Crédits : Nicolas Harlet
Cette initiative pourrait être amenée à se généraliser, surtout quand on sait que le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer entend mettre fin aux heures de colle, des punitions jugées « bêtes et méchantes ».