Alors que les personnels soignants des maisons de retraite médicalisés (Ehpad) crient leur mal-être et celui de leurs patients, deux députées ont présenté un rapport à l'Assemblée. Elles proposent, entre autres, de multiplier par deux le nombre d'aides-soignants afin d'obtenir des conditions permettant d'assurer un minimum de décence et de dignité aux personnes âgées dépendantes.
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Coups de gueule, dénonciations, blocages, journées de mobilisation : depuis longtemps, les personnels soignants des Ehpad en ont marre, et ils le font savoir... mais il semblerait qu'un petit rayon de soleil est en train de poindre sur leur horizon !
En sous-effectif, les maisons de retraite spécialisées manquent cruellement de moyens et cela se ressent directement dans les conditions de vie des patients et dans les conditions de travail du personnel, soumis à un stress permanent. Ce manque d'effectif pousse par exemple les aides soignant(e)s à remplir leurs tâches le plus rapidement possible, sans pouvoir prendre le temps qu'il faudrait pour s'occuper correctement de chaque patient.
Résultat : certains patients ne reçoivent qu'une douche toutes les semaines, d'autres sont nourris et lavés en même temps afin de gagner du temps. Une situation intenable, scandaleuse et inhumaine, que ce soit pour les patients, mais aussi pour les employés qui se retrouvent complices forcés de négligences, ne pouvant pas accomplir convenablement leur travail.
Alléger la charge du personnel soignant
Alors qu'une nouvelle journée de mobilisation s'annonce, deux députées proposent dans un rapport publié aujourd'hui de doubler le ratio de personnel dans les Ehpad, dans un délai de quatre ans, « pour s'assurer que nos aînés sont pris en charge dignement ». Cela concernerait plus spécifiquement les aides-soignant(e)s et les infirmier(e)s, qui devront ainsi constituer au moins 60 temps plein pour 100 résidents. À l'heure actuelle, on estime qu'il y a environ 24,5 aides-soignants et 6 infirmiers pour 100 résidents.
Le rapport présenté devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée par Monique Iborra (LREM) et Caroline Fiat (LFI) contient en tout 31 propositions.
Une autre de ces propositions serait de suspendre le fameux volet « dépendance » de la réforme du financement de ces établissements — une réforme controversée, votée au cours du dernier quinquennat et poursuivie sous le nouveau gouvernement, qui vise à faire converger les budgets des Ehpad publics et ceux du privé. Or, le secteur public serait largement perdant dans l'affaire, dénoncent de nombreuses voix au sein du milieu hospitalier. Les députées proposent justement de suspendre ce volet en attendant une meilleure évaluation des conséquences.
En ce qui concerne la prise en charge des patients, le rapport soumis par les députées table sur un objectif d' « une heure et demie par résident et par jour » comprenant la toilette, les repas, les transferts, l'assistance lors des chutes ou des problèmes d'incontinence, et un peu de liens sociaux. Cela peut sembler bien peu... et pourtant, actuellement, le temps moyen consacré à chaque résident est bien inférieur à une heure.