Plusieurs ONG environnementales viennent de publier une tribune réclamant l’arrêt des forages de Total en Guyane. Elles dénoncent par la même occasion les contradictions du chef de l'État sur la question écologique.
Dans les jours qui viennent, le groupe Total devrait démarrer sa très controversée mission de forage à 150 km au large de la Guyane. Un projet dont l’attribution par arrêté préfectoral avait suscité en octobre dernier un tollé chez de nombreuses organisations non gouvernementales, dont Greenpeace qui s’était dit à l’époque « atterrée » d’une telle décision.
« Une enquête publique bâclée »
Dans une tribune publiée par nos confrères de France Info, plusieurs associations de défense de l’environnement s’inscrivent dans cette lignée en réclamant l’arrêt pur et simple des forages, tout en fustigeant les contradictions d’Emmanuel Macron en matière d’écologie.
« Il y a un an, le gouvernement s'enorgueillissait de la loi hydrocarbures censée mettre fin à la production d’énergies fossiles en France en 2040. Présentée comme une avancée majeure dans le monde, cette loi excluait en réalité les permis pétroliers en cours comme celui de Total au large de la Guyane. Résultat : le navire affrété par le géant français de l’industrie pétrolière s’apprête à opérer ses premiers forages en janvier. Entre-temps, le gouvernement a tout fait pour faciliter le travail à Total. », déplore d’entrée cette tribune signée par 9 représentants d’associations écologiques, dont Jean-François Juliard (Directeur général de Greenpeace France).
Tous dénoncent à l’unisson les conditions de la prolongation du permis d’exploration pétrolière « Guyane Maritime », délivré par le ministère de l’Environnement à Total en septembre 2017. Cette attribution ayant été tronquée, selon eux, par « une enquête publique bâclée ».
« Contrairement aux affirmations répétées par François de Rugy, le gouvernement n’était en rien obligé de prolonger ce permis (…) Ce projet aurait dû faire l’objet d’un débat public construit et organisé par la Commission nationale du débat public. Au lieu de ça, une simple enquête publique très courte a eu lieu pendant les vacances d'été 2018. », regrettent ainsi les signataires, qui rappellent au passage que la grande majorité des contributeurs ayant participé à cette enquête avaient manifesté leur opposition au projet.
« Le gouvernement tourne le dos à la science »
La tribune avertit également des dangers d’un tel forage en eaux profondes, rappelant le triste exemple de la marée noire provoquée par l’explosion d’une plateforme pétrolière du groupe BP, qui avait souillé les côtes de la Louisiane en 2010.
« Ce projet présente d’inquiétantes similitudes avec celui de Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique. C’est d'autant plus inacceptable que tout récemment a été découvert dans les eaux guyanaises le récif de l'Amazone, un écosystème unique qui questionne le savoir scientifique sur les formations récifales et leur capacité de résilience face au changement climatique. En accordant à Total la possibilité de forer à proximité, le gouvernement tourne le dos à la science, préférant prendre le risque de voir cet écosystème vulnérable détruit par les activités pétrolières », est-il ainsi déploré.
La tribune dénonce en outre l’attitude contradictoire d’Emmanuel Macron, accusé de jouer un double-jeu sur la question de l’écologie. Les associations invitent le président à « faire preuve de cohérence et de courage politique ». « Comment peut-on se présenter sur la scène internationale comme le champion du climat 'et en même temps' dérouler le tapis rouge à un des plus gros pollueurs au monde », fustigent ainsi les signataires.
Notons par ailleurs que certaines des associations impliquées ont décidé de déposer un recours officiel auprès des autorités françaises, afin de faire annuler cette autorisation de forage. Une requête n’ayant toutefois que peu de chance d’aboutir.