Une enquête vient de révéler l’existence de graves dysfonctionnements dans la chaîne de production du numéro 1 de la restauration collective.
Des vis, du plastique ou encore des joints et des bouts d’os ! Tels sont les corps étrangers qui ont été retrouvés dans des purées livrées aux crèches franciliennes par la société Elior.
Géant français de la restauration collective – un secteur qu’elle domine devant ses concurrents Sodexo et Compass -, cette multinationale fondée en 1991 fournit des hôpitaux, des prisons, des EHPAD, des entreprises, mais aussi et surtout l’essentiel des cantines scolaires et des crèches de l’hexagone.
Mais le groupe est aujourd’hui dans la tourmente, après des révélations très compromettantes concernant le contrôle de la nourriture destinée aux nourrissons.
Une enquête accablante de nos confrères de France Inter pointe en effet d’inquiétantes défaillances ayant engendré des situations qui auraient pu s’avérer dramatiques.
Crédit photo : Oksana Kuzmina / Shutterstock
Une vis et un os découverts dans les purées des plus petits
Certains responsables d’établissements franciliens, fournis par la société, se sont ainsi plaints ces derniers mois, après la découverte de corps étrangers dans certains aliments distribués aux plus petits.
Le premier signalement remonte au 17 octobre 2018 et émane d’une crèche Babilou de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), où le pire est évité grâce à la présence d’esprit d’une employée qui repère une… vis dans la purée que s’apprête à manger un enfant.
Ce jour-là, il s’en est fallu de peu pour qu’un drame survienne, car la puéricultrice a vu l’objet à temps alors qu’il se trouvait dans la cuillère qu’elle portait à la bouche du chérubin.
« C’est la professionnelle qui s’en est aperçue. C’est elle qui lui donnait à manger, donc heureusement ! Si l’enfant l’avait eu en bouche, il aurait pu l’avaler », confirme ainsi le directeur de l’établissement, joint par Radio France.
L’histoire aurait pu s’arrêter là mais l’incident est loin d’être isolé. Dès janvier 2019, un nouveau cas est signalé, cette fois dans une crèche de la même enseigne à Suresnes (Hauts-de-Seine), où « le personnel découvre un os d’un centimètre, dur et pointu, dans l’assiette d’un enfant, émergeant de la purée ».
Cette fois encore, plus de peur que de mal, mais la direction de la société décide alors d’instaurer de nouvelles procédures afin d’éviter pareilles mésaventures à l’avenir.
En juin 2019, une forte suspicion d’intoxication alimentaire au sein d’une crèche de Saint-Cyr-l'École avait de nouveau agité l'entreprise. Un signalement pour une TIAC (toxi-infection alimentaire collective) avait alors été effectué auprès des autorités compétentes, mais aucune suite n'avait été donnée en raison d'analyses négatives.
Chaque fois, la cuisine centrale de Thiais (Val-de-Marne) - dans laquelle Elior élabore la totalité de ses purées destinées aux crèches d’Île-de-France - avait été montrée du doigt pour ses défaillances.
Un détail que ne pouvait ignorer la société puisque la cuisine avait été classée à risque en interne, dès 2017, après la parution d’un bilan hygiène accablant, comme le révèle la cellule investigation de Radio France.
Pourquoi donc Elior a continué d’élaborer ses repas sur place, malgré les risques avérés ? Si la direction assure avoir modifié ses protocoles et promis de quitter les lieux pour un endroit plus moderne et sécurisé, on apprend aujourd’hui que ce déménagement n’interviendra pourtant pas avant 2020, alors qu’il était prévu initialement pour avril 2019…
Du côté des salariés, on reconnaît volontiers l’existence de ces défaillances, qui peuvent s’expliquer, selon eux, par des cadences de travail élevées et un trop gros « turn-over » des effectifs, en raison du recours au travail intérimaire qui ne garantit pas toujours une main-d’œuvre qualifiée.