Si la chasse aux cétacés est autorisée en Islande depuis 2002, le pays n’a enregistré aucune baleine chassée sur l’année 2019. Une bonne surprise qui s’explique par des raisons exclusivement économiques.
Les pêcheurs islandais se seraient-ils pris d’affection pour la baleine ? Avec le Japon et la Norvège, l’Islande est le troisième pays au monde à pratiquer la chasse aux cétacés pour des raisons commerciales malgré l’interdiction de la Commission baleinière internationale (CBI).
Depuis 2002, l’Islande continuait tranquillement la chasse aux cétacés mais l’année 2019 a visiblement marqué un tournant dans les habitudes des pêcheurs. Malgré un quota qui les autorise à chasser 400 baleines par an au total, les pêcheurs islandais n’ont chassé aucune baleine l’année dernière contre 151 en 2018. Les baleiniers, eux-mêmes, confirment n’avoir chassé aucun cétacé l’an dernier.
Mais comment expliquer ce changement soudain ? Selon le biologiste Joe Roman, dans un article publié le 21 janvier dernier dans la revue «The Conservation», différents facteurs sont à prendre en compte.
Il ne faut pas y voir une prise de conscience écologique mais des raisons exclusivement économiques en premier lieu. En effet, les coûts de la chasse à la baleine seraient trop élevés et cette pratique ne serait plus rentable, notamment parce que les Islandais et les touristes sont de moins en moins demandeurs de leur viande.
D’après un sondage de l’Ifaw, publié dans le cadre de sa campagne intitulée « Rencontrez-nous, ne nous mangez pas », 40% des touristes mangeaient encore de la viande de baleine en 2009, contre 11% en 2011. Le même organise soulignait qu’un tiers de la population islandaise était contre la chasse à la baleine, un deuxième tiers y était favorable et un troisième tiers était sans opinion.
Par ailleurs, depuis 2014, les gouvernements européens ont interdit aux baleiniers islandais de s’amarrer dans leurs ports, là où ils s’arrêtaient d’habitude avant de continuer leur chemin pour le Japon. Et puis, la demande japonaise pour la viande de cétacés a fortement chuté.
Ainsi, face à cette perte d’intérêt pour la viande de baleine, la chasse a donc cessé en Islande. Les baleines gardent toutefois un intérêt économique et les pêcheurs se sont reconvertis en guides touristiques, proposant aux touristes à venir admirer les baleines.
Normalement, ce phénomène devrait se répéter en 2020 même si l’État islandais délivrera encore un permis de chasser et un quota. Évidemment, ce changement de pratique, un peu forcé, a été salué par les associations de protection des animaux qui espèrent que cela arrivera aussi au Japon et en Norvège.