En Libye, des êtres humains sont actuellement vendus comme esclaves : c'est le constat, glaçant, de la chaîne de télévision américaine CNN qui est parvenue à en saisir des images. Le pays encore en plein chaos cinq ans après la chute du régime de Kadhafi, est aujourd'hui un carrefour migratoire : les migrants sont nombreux à y transiter, espérant pouvoir franchir la Méditerranée. Or, il semblerait que certains ont vu dans cette situation un terrain propice pour faire prospérer l'esclavagisme moderne.
« Des hommes grands et forts pour les travaux de la ferme », clame le vendeur. Des êtres humains, vendus comme des bêtes de somme, qui attendent en pleine nuit, debout, en silence. L’individu martèle : « 400, 700... 700 ? 800 ! » Les chiffres sont égrenés, puis l'enchère est bouclée : 1 200 dinars libyens, soit un peu moins de 750 euros. C'est le prix que seront vendus ces deux hommes. 375€ la « pièce ».
La scène se déroule l'été dernier, et a été tournée en caméra cachée. Le lieu, lui, n'est pas identifié. Ce sont ces images qui, envoyées à la CNN par une source anonyme, ont alerté les journalistes de ce qui se passait en Libye.
Après avoir lancé une enquête et avoir vérifié l'authenticité de l'information, la chaîne décide d'envoyer des reporters sur place. Une fois arrivés à Tripoli, les journalistes finissent par apprendre qu'une à deux ventes aux enchères se déroulent, chaque mois, dans les alentours. Dans le jardin derrière une maison de banlieue, ils découvrent douze Nigérians agenouillés et attachés contre un mur. Des hommes que les vendeurs désignent sous le terme de alboudâa : la « marchandise ». Tout part très vite. En quelques instants, c'est déjà terminé.
Dans un centre d'accueil de migrants et de réfugiés, lorsque le sujet de l'esclavage est abordé, les langues se délient, et certains hommes racontent comment ils ont eux aussi été enlevés, vendus, ou sauvés. Un officiel libyen affirme, de son côté : « On a entendu des rumeurs, bien sûr, mais rien de visible ne se passe devant nous. »
Contactées par les journalistes de CNN qui leur ont livré leurs images ainsi que les éléments, les autorités libyennes ont promis d'ouvrir une enquête. Le reportage intégral est disponible sur le site de la chaîne.