Depuis que la Chine a cessé d’importer des déchets en plastique, papier et métal en 2018, des centaines de villes des États-Unis sont confrontés à un grave problème de gestion de leurs détritus.
Plusieurs centaines de villes aux États-Unis n’ont plus les moyens pour recycler leurs déchets. À Philadelphie, les déchets recyclables de la moitié de la population, soit près de 750 000 personnes, sont désormais incinérés. Même constat à Deltona en Floride, qui a récemment suspendu son programme de recyclage municipal, comme le rapporte un article du New York Times le 16 mars dernier.
Depuis que la Chine a choisi de ne plus être la « poubelle du monde », et de ne plus acheter des déchets plastiques, les frais de recyclage ont explosé aux Etats-Unis. Avant 2018, les Etats-Unis envoyaient environ 4 000 containers de déchets recyclables en Chine. Aujourd’hui, le pays se voit obligé de réinventer la gestion de ses déchets.
Pour justifier ce changement, les autorités chinoises ont mis en avant l’argument environnemental, et la nécessité de développer leur propre industrie de recyclage.
D’autres villes du New Hampshire, de Virginie, de l’Idaho et de l’État de New York auraient aussi mis fin à leurs programmes de recyclage, relève le magazine The Atlantic. Faute de moyens financiers, avec une pauvreté en hausse et des impôts locaux au plus bas, les responsables politiques de ces petites villes ont été contraints de stopper ces programmes.
Les déchets se retrouvent donc dans des décharges, comme c’est le cas des canettes, bouteilles et journaux accumulés dans les bacs de recyclage de l’aéroport international de Memphis. Ils sont aussi parfois incinérés et convertis en énergie électrique, cependant les habitants s’inquiètent concernant la pollution de l’air générée.
La propreté des déchets recyclables est aussi mise en cause. La plupart sont soit contaminés, soit malpropres. Un élu du comté de Blaine dans l’Idaho explique que les déchets papiers devaient atteindre 99% de propreté pour être vendus. Ce qui est loin d’être le cas, par manque d’efforts et d’une organisation trop coûteuse.
L’une des solutions la plus probable serait de travailler en amont pour réduire l’utilisation de plastique, comme le rappelle Slate : « Plus tôt nous accepterons que le recyclage est économiquement impraticable, plus tôt nous pourrons faire des progrès en réglant le problème de la pollution plastique », a souligné Jan Dell, directrice de l’association Last Beach Cleanup.
Des municipalités comme San Francisco tentent aussi de faire changer les mentalités. En plus de réutiliser et de recycler les déchets, la ville incite ses habitants à refuser de consommer, comme l'évoque Le Monde. Un pari loin d’être gagné en Silicon Valley, alors que l’économie américaine tourne à plein régime et produit un certain nombre de déchets. En 2015, les États-Unis ont produit 262,4 millions de tonnes de déchets.