Pour la première fois, la Banque Mondiale a publié un rapport pour mettre en garde les États de l'imminence d'une crise migratoire sans précédent. D'ici 2050, les réfugiés climatiques pourraient être « plus de 143 millions », ce qui aurait de graves conséquences à l'échelle planétaire. Fuyant la sécheresse, la montée des eaux ou l'avancée des déserts, ces « éco-réfugiés » pourraient devenir beaucoup plus nombreux que les migrants qui fuient actuellement les conflits, les exilés politiques ou autres réfugiés économiques.
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« Si l'Europe croit qu'elle a un problème avec les migrants aujourd'hui... Qu'ils attendent 20 ans, et on en reparlera ! » Les propos du brigadier général Stephen Cheney, retraité de l'US army, ne brillent pas par leur optimisme, et pour cause. Dans le cadre d'un rapport publié il y a quelques mois par l' EJF (Environmental Justice Foundation), il estimait que d'ici quelques dizaines d'années seulement, le monde vivra une crise migratoire bien pire que tout ce qu'il a pu voir jusqu'ici.
« On va voir ce qui se produira, lorsque le réchauffement climatique poussera les gens à sortir d'Afrique — la région du Sahel en particulier — et on ne parle pas là de ''seulement'' un ou deux millions, mais bien de 10 à 20 millions ! » poursuit l'ancien gradé, avant de conclure : « Ils ne se dirigeront pas vers le sud de l'Afrique, ils traverseront la Méditerranée. »
Hier, 19 mars, la Banque Mondiale publiait, pour la toute première fois, un rapport alarmant sur la multiplication des réfugiés climatiques d’ici à 2050. Ce phénomène, qui a été prévu et analysé par de nombreux spécialistes, serait inévitable, si rien n’est fait pour lutter contre les effets du changement climatique, et pourrait être à l'origine de profonds bouleversements du monde et des populations humaines telles que nous les connaissons.
Ce rapport de la Banque Mondiale serait le premier du genre a s'intéresser aux déplacements des populations en fonction des effets des dérèglements climatiques. Ces déplacements seraient causés par différentes raisons, comme la sécheresse, la famine provoquée par le recul des cultures, l'avancée des déserts, ou encore la hausse du niveau des océans.
Les migrations causées par le climat existent d'ores et déjà, et sont déjà une réalité dans certaines régions du monde. Mais d’ici à 2050, ce sont près 143 millions de personnes dans le monde qui seraient susceptibles de devoir se déplacer à cause de la transformation de leur habitat ou du manque de ressources. Rien qu'en Afrique subsaharienne, ils seraient 86 millions, tandis qu'il y aurait 40 millions d'entre eux en Asie du Sud, et 17 millions en Amérique latine.
Au total, cela représenterait l'équivalent de 2,8 % de la population des régions concernées. Cela peut paraître peu, mais ces trois régions concentrent à elles seules 55 % de la population mondiale des pays en développement, précisent les auteurs du rapport !
Un constat qui, toujours selon le rapport de la Banque mondiale, implique la nécessité pour les dirigeants d'agir de concert et a grande échelle, notamment en mettant en place des plans ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi d'intégrer les déplacements des populations dans les politiques de développement de leurs États respectifs.