C’est un record mondial. Jean-Pierre Saliège vit avec le rein de sa mère depuis 1968. Une époque où l’espérance de survie était faible.
À 70 ans, Jean-Pierre Saliège se rend encore en boîte de nuit. Ce passionné de rock’n roll, de moto et de la conquête de l’ouest américain a dû mal à réaliser qu’il a été greffé il y a plus de 50 ans. « Je vis une vie tellement normale que je n’y pense pas », avoue Jean-Pierre à France Info.
Il est l’un des premiers à avoir été transplanté en France. En 1968, il a tout juste 20 ans mais ses deux reins ne fonctionnent plus à cause d’une malformation. À l’époque, les chirurgiens de l’hôpital Foch de Suresnes initient leurs premières greffes et la technique est encore hésitante.
« On n'avait pas de recul. Les patients décédaient assez vite, car on n'avait pas les antibiotiques pour prévenir les infections. Le traitement n'était pas très efficace pour éviter le rejet », explique Renaud Snanoudj, néphrologue à l’hôpital Foch.
Mais c’était sans compter sur sa mère, qui va bientôt fêter ses 97 ans et qui décide de se porter volontaire pour offrir une deuxième vie à son fils en lui donnant un rein. « Il y avait un grand champ stérile qui nous séparait, une quarantaine de médecins avec des gants, des blouses, des masques », explique Jean-Pierre Saliège.
Aujourd’hui, Jean-Pierre Saliège ne passe pas inaperçu dans les rues du Mans avec son chapeau, bouc et moustache noirs aux allures de Buffalo Bill. Son moral d’acier lui a permis de surmonter trois cancers de la peau et un cancer du côlon.
51 ans après, l’hôpital décide de lui organiser une cérémonie pour célébrer ce record. « C’est un exploit », commente Renaud Snanoudj, néphrologue à l’hôpital Foch. Aujourd’hui, la moitié des reins greffés ont une longévité inférieure à 14 ans. L'an passé, il y a eu 3 546 greffes de rein en France, dont 537 à partir d'un donneur vivant.
