Ce mardi 20 mars 2018 ont été publiés les résultats de deux études menées parallèlement d’une part par le STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs, programme porté par le Muséum National d’Histoire Naturelle), et d’autre part par le CNRS (Centre National de Recherche Scientifique). Ces deux études, menées localement et nationalement, ont reposé sur le dénombrement d’oiseaux dans divers habitats.
Leur conclusion commune est indubitable : la présence d’oiseaux dans les campagnes françaises connaît une chute vertigineuse, certaines espèces ayant perdu 1/3 de leurs individus depuis les années 1990. Un déclin imputable aux pratiques agricoles agressives, selon les chercheurs.
Un individu sur trois parmi les alouettes des champs, les fauvettes grisettes ou les bruants ortolans, espèces présentes dans les campagnes de l’hexagone, a disparu en quinze ans, « et les chiffres montrent que ce déclin s’est encore intensifié en 2016 et 2017 », selon le Muséum National d’Histoire Naturelle.
Le STOC a déterminé que « ce déclin frappe toutes les espèces d’oiseaux en milieu agricole », y compris les oiseaux généralistes, communs, que l’on retrouve dans les villes. Cependant, il n’y a que dans les campagnes que leur nombre décroît, ce qui laisse à penser que les pratiques agricoles sont directement la source de ce phénomène, comme le souligne le site du Muséum National d’Histoire Naturelle :
« Cette disparition massive observée à différentes échelles est concomitante à l'intensification des pratiques agricoles ces 25 dernières années, plus particulièrement depuis 2008-2009 ».
Cette période correspond précisément à la fin des jachères obligatoires, et « à la reprise du sur-amendement au nitrate permettant d'avoir du blé sur-protéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes, insecticides neurotoxiques très persistants ».
Le nombre d’insectes diminuant dans les campagnes, il est logique que le nombre d’oiseaux s’effondre en conséquence, les premiers étant la source alimentaire principale d’un grand nombre de volatiles dans les champs. L’ampleur du phénomène est telle que « le déclin des oiseaux en milieu agricole s’accélère et atteint un niveau proche de la catastrophe écologique », assène le Muséum National d’Histoire Naturelle.
Le modèle agricole doit donc être changé pour prévenir la disparition des oiseaux, sous peine d’avoir des campagnes bien silencieuses à l’avenir.