En se fondant sur des données satellites, une carte établie grâce à celles-ci a permis d’établir que 200 millions de km² de superficie océanique étaient concernés par la pêche industrielle, ce qui constitue quatre fois plus d’espace mobilisé que pour l’agriculture.
31 % des stocks de poissons sont surexploités à l’échelle globale, c'est-à-dire qu'ils sont pêchés avant d'avoir pu se reproduire. Crédit photo : Dudarev Mikhail / Shutterstock
Selon une étude publiée dans la revue Science, plus de la moitié des océans est sollicitée par la pêche industrielle, destinée à nourrir le monde entier. Au moins 55% des mers seraient donc des sources alimentaires, selon les résultats obtenus par le travail commun de chercheurs d’universités (notamment de Stanford, aux États-Unis), d’ONG, et de Google, en s’appuyant sur 22 milliards de messages envoyés depuis les positions de 70 000 bateaux de pêche industrielle entre 2012 et 2016.
Cependant, tous les bateaux n’ont pas pu être recensés, certains ne disposant pas de système d’identification automatique, notamment dans les Zones Économiques Exclusives, et d’autres n’ayant pas pu être repérables par satellites, le signal étant parfois mauvais à certains endroits du globe. En réalité, ce serait ainsi la superficie de 73% des océans qui serait sollicitée par la pêche industrielle.
Au total, en 2016 uniquement, les pêcheurs ont écumé 460 millions de kilomètres, l’équivalent de 600 fois la distance aller-retour entre la Terre et la Lune. La pêche industrielle a globalement nécessité 40 millions d’heures, pour 19 milliards de kWh d’énergie consommée. De très loin, la Chine est le pays qui pêche le plus, avec de 17 millions d’heures consacrées à cette tâche en 2016. À eux seuls, la Chine, l’Espagne, Taïwan, le Japon et la Corée du Sud représentent 85% de la pêche industrielle mondiale. Les zones marines les plus concernées sont ainsi l’Atlantique Nord-Est et le Pacifique Nord-Ouest. L’étude a également permis de constater que l’intensité de la pêche dépendait directement des décisions politiques, et de la période de l’année (vacances et week-ends).
L’empreinte mondiale de la pêche, à l'échelle du globe, telle que la donne à voir Global Fishing Watch.
Le but de l’étude principalement menée David Kroodsma, directeur des recherches et du développement au Global Fishing Watch, est d’offrir une transparence relative à la pêche commerciale, et surtout d’encourager une gestion durable des ressources alimentaires, puisque 31 % des stocks de poissons sont surexploités à l’échelle globale, c’est-à-dire qu’ils sont pêchés avant de pouvoir se reproduire. C’est trois fois plus qu’il y a quarante ans, alors que la pêche ne représente que 1,2 % des calories consommées par les humains. Les chercheurs ont donc l’espoir de voir la surpêche être limitée, grâce à la connaissance des résultats de cette étude.