La Terre connaît sa sixième extinction de masse, avec l'érosion continue de la biodiversité

L’IPBES, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (à vos souhaits), a constaté lors de sa réunion à Medellín, en Colombie, qui s’est tenue du 17 au 24 mars, que la biodiversité à l’échelle de l’Europe, de l’Amérique, de l’Afrique, et de l’Asie connaissait un déclin certain qui aurait inévitablement des conséquences drastiques sur notre mode de vie. Une déduction des plus alarmantes, tandis que nous abordions il y a quelques jours la disparition des oiseaux dans les campagnes françaises, l’une des caractéristiques principales de cette érosion de la biodiversité.

Image d'illustration d'un quetzal au Costa Rica. Crédit photo : Ondrej Prosicky
L’IPBES est né sous la tutelle de l’ONU, et compte parmi ses membres un total de 129 États, qui mettent un point d’honneur à rassembler toute l’étendue de leurs connaissances respectives pour dresser un bilan continent par continent de l’érosion de la biodiversité, et en déduire ses effets directs sur l’humanité.

Il est ainsi apparu que 500 000 km² des terres d’Afrique étaient dégradées par la présence de l’homme, que les lacs pourraient connaître une diminution de 20 à 30% de leurs ressources halieutiques, c’est-à-dire beaucoup moins de poissons pour la pêche. De plus, la moitié des espèces présentes sur le continent pourrait disparaître à cause du changement climatique global.

En Europe, de nombreuses espèces connaissent d’ores et déjà un déclin notable, notamment les oiseaux, dont la chute du nombre dans les campagnes tient de la catastrophe écologique. L’Asie est particulièrement marquée par la pollution, puisque 80% des rivières les plus polluées par le plastique à l’échelle du monde se trouvent sur ce continent qui, en outre, devrait connaître une dégradation de 90% de ses coraux d’ici 2050, même en étant le plus optimiste possible.

L’Asie étant le continent le plus concerné par la pêche industrielle, c’est sans surprise mais avec beaucoup d’amertume que nous apprenons que les stocks de poissons de l’Asie pacifique seront complètement à sec d’ici 2048. En ce qui concerne le continent américain, une part équivalant à 17% de la forêt amazonienne a été altérée par l’homme, et 31% des espèces originellement présentes sur le continent ont connu un déclin qui devrait s’élever à 40% d’ici une trentaine d’années.

En résumé, absolument tous les continents de la planète sont concernés par l’érosion de la biodiversité, qui aura des conséquences sur l’ensemble des espèces peuplant la Terre. Après trois ans de recherches, le travail colossal de l’IPBES, qui a mobilisé 550 experts bénévoles à travers le globe, a permis de mettre au jour que notre planète connaissait sa sixième extinction de masse, avec une multiplication de la disparition des espèces égale à 100 en l’espace d’un siècle, ce qui n’avait pas été observé depuis la disparition des dinosaures.

Notre économie, notre alimentation s’en retrouveront directement altérées, sans parler de la catastrophe que représente en soi la disparition de tant et tant d’espèces provenant de la faune et de la flore sur tous les continents, et dans nos océans.

L’année prochaine, en mai 2019, l’IPBES livrera son bilan mondial, qui succédera à cette analyse réalisée continent par continent pourtant déjà incroyablement alarmante.

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