Traité d'Aix-la-Chapelle : l'Alsace et la Lorraine ne seront pas cédées à l'Allemagne, contrairement à ce qu'affirment certains

Emmanuel Macron et Angela Merkel ont signé ce mardi le traité d’Aix-la-Chapelle, dont on a beaucoup parlé ces derniers temps avec la crise des « gilets jaunes », en raison notamment des nombreuses intox et autres fake news ayant circulé sur son contenu.

C’est donc aujourd’hui que le président français et son homologue allemande ont paraphé le traité de la discorde, signé - et c’est tout sauf un hasard - dans la ville d’Aix-la-Chapelle, autrefois capitale de l’empire de Charlemagne, souverain germain puis roi des Francs. Tout un symbole !

Le traité d’Aix-la-Chapelle, qui renforce la coopération franco-allemande, suscite autant d’inquiétudes que d’intox. Crédit photo : Alexandros Michailidis/Shutterstock

Ce traité - qui « complète » la coopération franco-allemande, initiée le 22 janvier 1963 par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer - est présenté par ses défenseurs comme un accord destiné à renforcer les liens entre Paris et Berlin, en matière notamment de défense, d’économie, de développement durable ou encore de coopération transfrontalière.

Il est pourtant décrié par certaines personnalité politiques, dont Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, qui y voient un abandon de souveraineté de la France au profit de l’Allemagne. On lui prête ainsi des clauses cachées, qui stipulent que le pays abandonnerait… l’Alsace et la Lorraine à son voisin. Info ou intox ? Focus sur les principaux points discutés.

« Renforcer la coopération entre les forces armées »

Composé de 28 articles répartis en 7 chapitres, ledit traité entend « élever » les « relations bilatérales à un niveau supérieur » entre les deux pays.

Le texte se concentre d’abord sur le renforcement de la coopération en termes de sécurité intérieure, en ces temps marqués par la menace terroriste. Ainsi, les deux pays, « convaincus du caractère indissociable de leurs intérêts de sécurité, font converger de plus en plus leurs objectifs et politiques de sécurité et de défense, renforçant par là-même les systèmes de sécurité collective dont ils font partie ».

« Ils se prêtent aide et assistance par tous les moyens dont ils disposent, y compris la force armée, en cas d’agression armée contre leurs territoires », peut-on lire ainsi dans l’article 4, qui précise également que les deux États « s’engagent à renforcer encore la coopération entre leurs forces armées en vue d’instaurer une culture commune et d'opérer des déploiements conjoints ».

Afin de mettre en place cette coopération, Paris et Berlin « instituent le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité comme organe politique de pilotage de ces engagements réciproques ».

L’article 8 stipule par ailleurs que « l’admission de la RFA en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies est une priorité de la diplomatie franco-allemande ». En revanche, à aucun moment il n’est écrit que le siège de la France à l’ONU sera partagé entre les deux pays. C’est pourtant ce que Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan prétendent dans deux vidéos publiées récemment.

En outre, il n’est nullement fait mention d’un « partage de la puissance nucléaire », contrairement à ce qu’a laissé entendre récemment la présidente du RN, lors d’une interview accordée à BFM TV. Notons par ailleurs que Marine Le Pen a demandé la saisine du Conseil constitutionnel, considérant que ce traité n’était pas conforme à la constitution française.

« Monsieur Macron, tel un Judas, va livrer l'Alsace et la Lorraine à une puissance étrangère ! »

Second point important sur lequel de nombreuses voix se sont élevées, accusant la France de céder une partie de sa souveraineté : la coopération transfrontalière.

Ainsi, le député européen (DLF) Bernard Monot a tout simplement accusé le traité de « céder l'Alsace et la Lorraine » à l’Allemagne, dans une vidéo publiée sur Facebook et You Tube, qui a depuis été supprimée. Arguant du fait que « la langue administrative » de la région deviendra l’Allemand, ce dernier a ainsi été pris en flagrant délit de fake news.

« Monsieur Macron, tel un Judas, va livrer l'Alsace et la Lorraine à une puissance étrangère ! ». Tels sont les mots utilisés par l’élu du Massif central et que vous pouvez découvrir dans l’extrait ci-dessous.

Si un « apprentissage mutuel de la langue de l’autre » est bien évoqué (Article 10) dans le cadre de la création d’un « espace culturel et médiatique commun », en aucun cas le texte ne prévoit d’imposer la langue allemande aux administrés.

Enfin, quant à l’accusation de Marine Le Pen, qui affirme que « sous couvert de coopération transfrontalière, il est convenu de mettre en place des Eurodistricts qui auront pour effet de placer l'Alsace sous la tutelle de l’Allemagne », la réalité est tout autre.

En effet, s’il est bien fait mention d’un Eurodistrict (agglomération transfrontalière en Europe) dans l’article 14, il convient de rappeler que celui-ci, baptisé « Strasbourg-Ortenau », existe déjà depuis 2005, et que la fonction première de ces Eurodistricts est de contribuer à la réalisation de projets transfrontaliers dans « les domaines économique, social, environnemental, sanitaire, énergétique et des transports ».

Vous l’aurez compris, si de nombreux fantasmes, rumeurs et autres fake news ont été relayés autour de ce traité, c’est avant tout parce que ses termes restent encore méconnus de tous.

Et si vous voulez vous faire votre propre idée, nous vous dévoilons son contenu dans son intégralité ci-dessous.

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Source : Diplomatie Gouv
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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.