Faire honte, humilier, menacer, culpabiliser, rejeter… Voici différentes façons d’être violenté psychologiquement.
Mais pour lutter contre cette pratique ordinaire, les associations OVEO (Observation de la Violence Éducative Ordinaire) et STOP VEO, Enfances sans violences s’associent.
La première campagne de sensibilisation grand public sur l’impact de la violence verbale parentale dans l’éducation des enfants en France fait donc son apparition aujourd’hui, mardi 12 août sur Internet, et vendredi prochain à la télévision.
« Les mots qui font mal » : voici le nom de la courte vidéo ci-dessous, qui doit marquer le point de départ de la campagne et qui a été réalisée bénévolement par l’agence Publicis Conseil sous les conseils de la talentueuse réalisatrice Camille Fontaine (Coco avant Chanel).
« Si j’avais su je n’aurai pas eu d’enfants », « T’es un moins que rien », « Laisse tomber tu n’y arriveras jamais »...
Pendant moins d’une minute, nous sommes confrontés à la souffrance de 5 adultes : chacun prononce les phrases qui l'a marqué au fer rouge au cours de son enfance, et avec lesquelles il a été obligé de se construire. Des petites phrases en apparence anodines, mais qui détruisent.
« Jamais on ne dirait des mots pareils à des adultes, alors pourquoi le faire à des enfants ? Tout ce qui les concerne est minimisé, c'est fou. Les coups comme les paroles » déclare Gilles Lazimi, docteur et coordinateur de la campagne, à La Parisienne.
La campagne cherche essentiellement à nous faire réfléchir sur certaines pratiques éducatives considérées aujourd’hui comme ordinaires, à tort, et à informer sur l’effet néfaste qu’elles peuvent avoir sur le développement de l’enfant.
Nous avons souvent tendance à penser que les violences éducatives se résument à la violence physique (coups, pincements, fessées…), mais les violences psychologiques sont loin d'avoir un effet anodin. Elles peuvent entraîner des conséquences aujourd’hui encore sous estimées : maux de ventre, agressivité accrue, repli sur soi mais aussi ulcère sur le long terme, hypertension, suicides voir accroissement du risque de cancer… La liste est longue.
85 % des parents avouent avoir parfois recours à la violence psychologique pour éduquer leurs enfants, un chiffre alarmant selon l'OVEO, qui explique cette tendance avec plusieurs facteurs déclencheurs : la reproduction d'un schéma familial vécu par le parent, le processus de déni, certaines idées reçues qui prêtent une prétendue vertu éducative aux châtiments corporels, mais surtout le manque d’informations sur les besoins de l’enfant ainsi que sur les conséquences réelles de cette pratique.
Il est ainsi important que le message soit véhiculé le plus largement pour que chacun apprenne à maîtriser sa colère, sa peur ou sa tristesse afin de ne pas laisser de mots blessants heurter les plus jeunes, comme les plus grands.