Surprise : les premiers Anglais étaient... Noirs ! Il y a 10 000 ans de cela, les premiers hominidés modernes sont arrivés sur l'île de Grande-Bretagne, profitant de la fin de la dernière période glaciaire. Les restes de ce lointain ancêtre, baptisé « Cheddar Man », ont été découverts en 1903 dans le sud-ouest du pays. Jusqu'à présent, il était connu comme étant le plus ancien Britannique connu à ce jour — ou en tous cas l'un des plus anciens.
Mais voilà : ses restes viennent tout juste d'être analysés par le Natural History Museum de Londres, qui ont pratiqué une analyse ADN sur les ossessements, affirme The Guardian. Et, surprise ! Tous les éléments suggèrent très fortement que Cheddar Man avait la peau « sombre à très noire », des cheveux noirs et frisés, ainsi que... des yeux bleus.
DR
Selon les estimations, quelque 10 % des Britanniques blancs ont un lien de parenté direct avec lui... La nouvelle n'a pas manqué, comme on s'en doute, de scandaliser certains Anglais peu enclins à accepter pleinement leur nouveau côté Noir ! Le magazine Vice s'est même amusé à compiler les réactions les plus drôles de certains internautes outrés...
Mais les premiers étonnés par ces résultats, ce sont les scientifiques eux-mêmes, eux qui misaient surtout sur un teint plutôt clair couplé à une chevelure épaisse. « Cette découverte montre que les gènes de la peau claire sont devenus courants chez les populations européennes bien plus tard qu’on ne le pensait à l’origine », indique le quotidien britannique. En effet, s'il est aujourd'hui quasi-universellement accepté que les premiers humains modernes avaient la peau noire (puisqu'originaires de la corne d'Afrique), on pensait que l'apparition de la peau claire pour les populations ayant quitté l'Afrique pour migrer plus au nord s'était produite relativement tôt, si l'on considère l'ensemble de l'histoire humaine.
Les chercheurs pensent que Cheddar Man serait issu d'une lignée d'hommes qui auraient quitté l'Afrique pour le Moyen-Orient, d'où il aurait rejoint l'Europe de l'Ouest. Ses ancêtres seraient donc sans doute passés de la France à la Grande-Bretagne en passant par des terres aujourd'hui recouvertes par la mer !
Toujours selon les hypothèses de ces chercheurs, les populations vivant en Europe auraient gagné leur teint pâle assez tardivement. Au fil du temps, la peau claire aurait été favorisée car elle absorbe davantage de lumière du soleil — ce qui est nécessaire pour produire suffisamment de vitamine D.
Les résultats des dernières recherches en date suggèrent que le passage à la peau claire aurait été favorisé par la sédentarisation et le développement de l'agriculture : comme les populations ont progressivement changé de régime alimentaire, elles obtenaient moins de vitamine D par des sources diététiques comme les poissons gras. Elles ont donc « compensé » ce manque de vitamines D en ayant la peau progressivement plus claire !
Amusant, quand on pense que les Britanniques d'aujourd'hui ont parfois la peau si claire qu'ils attrapent des rougeurs au moindre rayon de soleil...