Une application développée en partenariat avec le gouvernement saoudien permet aux hommes de contrôler les déplacements des femmes, en Arabie saoudite.
Si des efforts louables en faveur de l’émancipation des femmes ont été observés ces dernières années en Arabie saoudite, voilà un exemple qui rappelle à quel point le chemin est encore long pour que les mentalités évoluent au royaume des Al Saoud.
Ainsi, selon le site web américain Business Insider, il existe en Arabie saoudite une application mobile qui permet aux hommes de contrôler les déplacements des femmes.
Baptisée « Absher » - littéralement « le prédicateur » en arabe -, cette appli a été développée en partenariat avec le gouvernement et permet notamment aux hommes de surveiller les déplacements de leurs femmes ou de leurs filles, afin de les empêcher principalement de quitter le pays.
La liberté de circuler des femmes est soumise au bon vouloir des hommes
Initialement prévue pour des tâches administratives, telles que le renouvellement d’un permis de conduire par exemple - que les Saoudiennes peuvent désormais passer depuis l’été dernier -, l’application peut en effet être utilisée pour contrôler les moindres faits et gestes des femmes.
Comment ? Tout simplement parce que la liberté de circuler de ces dernières est soumise au bon vouloir des hommes. Ainsi, il faut savoir que les Saoudiennes sont contraintes et forcées de demander l’autorisation d’un tuteur (leur père, leur mari ou leur frère) lorsqu’elles souhaitent voyager.
Un aval que l’on peut donner ou refuser d’un simple clic avec cette appli Absher. En cas de refus, une notification sera alors envoyée aux autorités avec le signalement de la personne et celle-ci sera immédiatement refoulée, si d’aventure elle présente son passeport pour embarquer dans un avion.
Dans le même temps, le ministère de l’Intérieur peut également adresser un SMS via l’application aux hommes afin de les prévenir que leur femme ou leur fille viennent de présenter leur passeport dans un aéroport ou à la frontière.
S’il s’agit aujourd'hui d'une option facultative, ce procédé était obligatoire entre 2012 et 2014, croit savoir Business Insider qui montre - captures d’écran à l’appui - que les hommes sont ainsi prévenus par texto lorsqu’une femme sous leur tutelle est repérée.
Cet exemple rappelle que les libertés des femmes saoudiennes restent restreintes, ce qui incite beaucoup d’entre elles à fuir à l’étranger. L’exemple récent de la jeune Rahaf Mohamed - qui a fuit son pays via la Thaïlande avant de se voir accorder l’asile au Canada - en est la parfaite illustration.
Selon The Economist, de plus en plus de femmes aspirant à davantage de libertés, tentent de prendre la fuite chaque année en Arabie saoudite. Pour y parvenir, certaines n’hésiteraient pas à voler le portable de leur tuteur pour s’octroyer des « fausses » autorisations sur l’application Absher. Une pratique risquée car facilement repérable.