En France, de nombreux soignants sont confrontés à la peur et la paranoïa de certaines personnes à cause du Covid-19. Plusieurs infirmières ont reçu des lettres anonymes les informant de quitter leur domicile et la ville le temps que l’épidémie se calme.
Une honte ! Depuis le début du coronavirus, le personnel soignant est mobilisé sur le front pour combattre cette pandémie. Tous les jours, ils risquent leur vie pour sauver celle des patients contaminés. Depuis quelques jours, une autre forme d’épidémie s’est emparée des Français. Celle de la méchanceté et l’ingratitude. En effet, plusieurs infirmières ont reçu des lettres anonymes les informant de quitter leur domicile car elles représentent un danger pour le voisinage.
Crédit Photo : Facebook / Patrick Chadaillat
C’est le cas de Lucile, une jeune infirmière, qui habite à Vulaines-sur-Seine en Seine-et-Marne. Cette dernière travaille à l'Institut Gustave Roussy de Villejuif. En rentrant chez elle, Lucile a trouvé dans sa boîte aux lettres un courrier anonyme lui demandant « d'aller résider ailleurs avec son mari durant la contamination pour éviter de contaminer d'autres personnes » et d’aller faire ses courses « en dehors de la ville ».
L’auteur de cette lettre odieuse n’a pas été identifié mais il doit sûrement s'agir d’un voisin de la jeune femme car il lui reproche de promener son chien dans leur quartier : « Nous vous voyons régulièrement promener votre chien, est-ce que cela est raisonnable et vraiment utile en sachant que vous êtes en contact avec des personnes contaminées. Vous serez de nouveau bienvenus dans la ville quand tout sera terminé ».
Très touchée par le contenu de cette abominable missive, la jeune femme s’est confiée au maire de la commune, Patrick Chadaillat. Mercredi dernier, ce dernier s’est indigné sur son compte Facebook : « La honte et le déshonneur n’ont décidément pas de limite. Écrire ça à ceux qui, alors que nous sommes tous confinés, prennent des risques au mépris de leur propre vie, pour soigner et sauver ».
Mais ce n’est pas tout, il a partagé la photo de la lettre anonyme accompagnée de la légende suivante : « Je suis révolté, c'est inadmissible. Ça rappelle les collabos de la 2e Guerre mondiale ! Tout le village et la communauté médicale soutiennent évidemment cette infirmière ».
Invitée sur le plateau de LCI, Lucile a dénoncé la lâcheté de l'auteur de la lettre : « Ce qui me met très en colère, c'est ce que ce ne soit pas signé. On peut penser ce qu'on veut, mais à un moment donné, il faut avoir le cran d'assumer ce qu'on écrit et de venir discuter avec le personnel soignant, pour comprendre ce que c'est, de vivre cette crise sanitaire ».
« Tout le personnel soignant met déjà suffisamment sa vie de côté pour faire face à ça », a indiqué Lucile. « On a pas besoin de ce genre de choses, d'être mis à l'écart comme des pestiférés, on a besoin de soutien.», a-t-elle rajouté, très en colère.
La jeune femme n’est pas un cas isolé : en Bretagne, une autre infirmière a retrouvé une lettre similaire sur le pare-brise de son véhicule l’informant de ne plus se garer à proximité des autres voitures : « Vous êtes infirmière, vous avez plus de risque d'être contaminé par le virus, donc merci de ne pas vous garer proche des autres voitures ».
Crédit Photo: Facebook
Avec brio, l'infirmière a repondu au message sur compte Facebook : « L'intelligence même de l'être humain ! Cela signifie donc qu'en tant que soignant, il nous faut un garage pour garer notre voiture. J'espère que la personne à l'origine de ce message s'est désinfectée les mains après avoir déposé ce message sur mon pare-brise car étant donné que je suis considérée comme une pestiférée, je viens de changer mes essuies glaces. Quelle est la prochaine étape de ces idioties ? »
Il y a aussi Sophie, une soignante toulousaine, qui a retrouvé sur sa porte d’entrée un mot lui demandant ne pas toucher les portes des parties communes et de sortir son chien plus loin. L’auteur de la lettre anonyme lui a également conseillé de « vivre ailleurs ces prochains jours ».
Crédit Photo: Sophie Rainoldi
Mardi dernier, Evelyne, une retraitée, a indiqué sur RMC que sa fille et son gendre infirmiers ont reçu une forte pression de la part de leurs voisins qui leurs demandent de quitter leur appartement. En larmes, cette mère de famille a laissé éclater sa détresse :
« Voilà la bêtise dans toute sa splendeur. Ceux qui disent cela, le jour où ils vont avoir besoin des soignants, où ils vont être malades, ils vont râler parce qu'ils auront cinq minutes de retard. C'est inadmissible. Ca leur fait mal. Vous savez, ils ont la peur en ventre en ce moment. Ma fille et mon gendre n'ont même pas le temps d'embrasser leurs enfants avec leurs tournées. C'est dur, c'est très dur pour eux ».
Toutes ces attaques gratuites et injustifiées ont provoqué la révolte des internautes, choqués par le traitement réservé au personnel de santé.
Il est important de rappeler que les soignants se battent en première ligne nuit et jour contre le coronavirus. Ils sont loin de leurs proches et de leurs enfants. De plus, leurs conditions de travail sont très difficiles.