Chloé est une étudiante handicapée âgée de 21 ans qui veut poursuivre ses études en Sciences-po à Grenoble. Faute d’auxiliaire de vie scolaire (AVS), elle voit ses chances de continuer les études s’amoindrir. Ayant réussi au bac avec une mention très bien, l’actuelle étudiante en première année de Sciences Politique de Grenoble a lancé une cagnotte pour espérer financer ses études.
Chloé est actuellement étudiante en première année au Sciences-po de Grenoble, et ses études pourraient s’arrêter là, si rien n’est fait. Elle en a claire conscience. Handicapée et en fauteuil roulant, elle n’a plus droit à l’auxiliaire de vie scolaire (AVS) pour l’assister dans la poursuite de ses études.
Chloé Fonvielle, étudiante handicapée à Sciences-po Grenoble, aux côtés d’Aziza son auxiliaire de vie (à gauche en noir).LP/Serge Pueyo
Handicapée depuis sa naissance, Chloé est tétraplégique et ne parle pas. Valérie, sa mère, énonce l'alphabet pour communiquer avec elle et d’un mouvement de la tête, elle signale chaque lettre des mots qu'elle veut composer lit-on sur Le Parisien. La jeune Chloé, habitante dans l'Isère, parvient à écrire sur un écran d'ordinateur à l’aide d’une commande qu'elle manipule avec son menton et qui lui permet de sélectionner des lettres sur un clavier. Son handicap n’est pas un frein sur ses notes. Chloé dispose de toutes ses capacités intellectuelles. Elle a brillamment décroché son bac en 2019, avec la mention très bien.
Elle a bénéficié de l’assistance de l’auxiliaire de vie scolaire durant toutes ses études de la primaire au lycée passant par le collège. Maintenant elle risque de ne pas continuer les études. « On a découvert qu'en France, à l'université, Chloé n'avait plus droit à l’AVS. Or avec son lourd handicap, il est impossible pour ma fille de se débrouiller seule pour suivre ses études », confie sa mère Valérie Fonvielle.
Aziza, l’assistante et l’auxiliaire de Chloé depuis cinq ans, témoigne : « Je suis son double. Je suis sa voix, ses bras, ses gestes. Je l'habille, je l'aide à se déplacer, à manger, à boire. Je suis à ses côtés durant ses cours. Je fais le lien avec ses enseignants ». Sur son ordinateur, Chloé écrit : « Pas d'AVS, pas d'études supérieures. Comme si après le bac, le handicap s'envolait. Je veux vraiment aller au bout de mes études de Sciences-po afin de m'intégrer dans la société et d'être utile ».
Chloé a réussi a terminé sa première année de Sciences-po à Grenoble grâce à la mobilisation des responsables de l’école. « Nous avons pu embaucher Aziza, son AVS, grâce à l'aide financière de la fondation de Sciences-po Grenoble qui bénéficie du mécénat d'entreprises partenaires. Mais c'est une solution temporaire. Une AVS coûte 25 000 euros par an. Actuellement nous pouvons compter sur 15 000 euros. La scolarité de Chloé va durer 10 ans (NDLR : la jeune femme fera chaque année d'étude en deux ans). Il nous faut donc à tout prix trouver une solution viable pour l'avenir », explique la maman de Chloé. Pour trouver une alternative, la jeune handicapée a mis en ligne une cagnotte sur leetchi.com.
La famille de Chloé s’est également tournée vers le gouvernement en interpellant le ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal et la première dame Brigitte Macron. « Je suis d'accord avec Monsieur Macron quand il dit que tous les enfants handicapés doivent être scolarisés. Mais il faut savoir que ces enfants voudront peut-être faire des études supérieures. Et pour cela, il faut leur donner les moyens financiers et humains. Devoir lancer des cagnottes en ligne pour essayer de financer leurs études, je trouve cela injuste ! » écrit la maman de Chloé au ministre de l’enseignement supérieur.
De son côté, Chloé, a lancé un appel à la première dame : « Madame Macron, j'en appelle à vous pour m'aider à faire bouger les choses. Pour moi et pour tous les étudiants handicapés en galère. Je me suis battue pour obtenir mon bac avec mention très bien et intégrer Sciences-po. Je ne veux pas que cela s'arrête là en raison des oublis de l'État ».
Les soutiens à l’endroit de Chloé ne manquent pas dans l’université de Grenoble, particulièrement dans son département de Sciences-po. « Chloé a beaucoup de courage et de volonté pour suivre les cours avec son handicap. Je suis vraiment admirative », confie Éloïse, une étudiante. « Ce que fait Chloé est formidable car elle doit travailler beaucoup plus que les autres pour réussir. Elle mérite qu'on la soutienne », ajoute Simon Godard, directeur des études et enseignant en histoire.
Le ministère de l’enseignement supérieur confirme la suppression de l’AVS et informe que d’autres dispositifs alternatifs sont disponibles pour les handicapés. Toutefois, le cas de Chloé n’entre pas dans ces mesures, car souffrant d’un handicap lourd et nécessitant plus de charges.