Si vous êtes un homme, il y a fort à parier que vous vous êtes alors retrouvé assez perplexe devant des termes tout nouveaux pour vous, dont vous ne saviez même pas qu’ils se pouvaient désigner des couleurs pour commencer : Lilas, œillet, melon, amande ou fougère, pour vous ce sont des noms de plantes, rien de plus ! Vous vous sentiriez bien en peine de dire la différence entre le bleu paon, le bleu roi, le bleu pétrole, le bleu perle ou le bleu outremer… Et on ne parle même pas de ces termes mystérieux que sont anthracite, incarnat, taupe ou moutarde !
Si vous êtes une femme, en revanche, vous avez pu vous retrouver légèrement exaspérée de voir que votre interlocuteur masculin n’était même pas fichu de savoir la différence entre un vert pomme et un vert sapin — pour vous c’est clair, ce sont deux couleurs totalement différentes !
Eh bien, il semblerait que la science ait une réponse à cela : car si ce genre de situation est si commune, c’est tout simplement… parce qu’il y a une raison physique à cela : les femmes et les hommes voient les couleurs différemment. Genre, vraiment.
Eh oui : Messieurs, les femmes ne se plaisent pas à inventer des noms de couleurs de toutes pièces simplement pour le doux plaisir de vous rendre fous.
Et vous, Mesdames, désolé de vous décevoir : les hommes ne sont pas juste incultes, ils n’arrivent vraiment pas à saisir la différence entre les nuances de couleurs comme vous en êtes capable ! Ou en tout cas, cette différence qui vous paraît évidente relève d’une importance bien moindre à leurs yeux.
Le professeur Israel Abramov, du Brooklyn College, a réalisé une étude dans laquelle de jeunes adultes n'ayant aucun problème de vision particulier étaient soumis à une batterie de tests.
"À travers la plus grande partie du spectre visible, les hommes ont besoin d'une longueur d'onde légèrement plus longue que les femmes afin de percevoir exactement la même chose".
Et comme les longueurs d'ondes les plus longues sont associées aux couleurs les plus chaudes, certaines couleurs comme l'orange peuvent sembler légèrement plus rouges à un homme qu'à une femme ! De même, l'herbe sera toujours plus verte aux yeux des femmes qu'aux yeux des hommes.
Dans l'incapacité des hommes à distinguer les variations de teintes, les couleurs situées au milieu du spectre visible sont particulièrement touchées : les bleus, les verts, et les jaunes.
Vous pouvez faire le test ci-dessous, et compter les bandes de couleur. Combien de couleurs différentes parvenez-vous à déceler ?
Pour un homme, vert c’est vert, bleu c’est bleu, jaune c’est jaune, et un point c’est tout !
À la limite, les hommes reconnaîtront la pertinence de nommer certaines variations de couleurs, comme par exemple le « jaune clair » ou le « jaune foncé », mais n’allez pas leur parler de la différence entre le « jaune canari » ou le » jaune citron », vous les perdrez aussitôt.
Mais pourquoi cette différence ? Tout simplement parce que les femmes... sont mieux adaptées que les hommes pour discerner les couleurs.
Les hommes, de leur côté, perçoivent des nuances moins riches de couleurs, mais ils compensent en étant mieux capables de percevoir les objets en mouvement rapide, et ils perçoivent mieux les détails des objets situés à une grande distance. Cela est lié à la structure interne de nos yeux elle-même, au nombre et à la disposition des cellules photosensibles, les fameux cônes et de bâtonnets qui permettent de percevoir la lumière réfléchie par les objets.
Les chercheurs pensent que cette tendance générale est le fruit d’une lente adaptation de l’évolution, et qu’elle est étroitement liée au passé de chasseur-cueilleur de la race humaine… En effet, on sait que dans les premières sociétés humaines, les rôles étaient déjà très définis en fonction du sexe des individus : tandis que les hommes partaient chasser en groupe (et avaient donc besoin d’une vue perçante et alerte), les femmes s’occupaient de la cueillette.
Selon certains chercheurs, c’est cela qui explique que les femmes aient une vision périphérique plus développée, ainsi qu’une meilleure reconnaissance des variations subtiles de couleurs, qui pouvaient leur permettre de distinguer certains fruits ou certaines baies des autres ! La sélection naturelle aurait fait le reste.
Donc, la prochaine fois que vous n’arriverez pas à qualifier une variation de couleur, Messieurs, ne paniquez pas : ce n’est pas de votre faute, vous n’êtes simplement pas adapté par l’évolution pour cela !